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Maison d’arrêt de Moroni : Plus de la moitié des détenus ne sont toujours pas jugés

L’effectif est de 275 détenus incarcérés dans un lieu qui devrait accueillir au maximum 100 personnes. Ces 275 détenus sont repartis de la sorte, 148 personnes placées en détention provisoire et 127 condamnés. La surpopulation carcérale s’explique ainsi, en tout cas pour l’instant, par le retard pris par la justice pour organiser les procès de nombreux détenus.

Les mauvaises conditions de détention faisant souvent objet de critique de la maison d’arrêt de Moroni se couplent avec la question de la surpopulation carcérale. Selon les chiffres recueillis auprès de la direction de l’administration pénitenciere, cette surpopulation carcérale se distingue par un effectif de 275 détenus incarcérés dans un lieu qui devrait au maximum accueillir 100 personnes.


Ces 275 détenus sont repartis de la sorte, 148 personnes placées en détention provisoire et 127 condamnés. Sur ces deux cas confondus, il y a 11 mineurs incarcérés . Les conséquences directes de cette surpopulation carcérale sont le manque d’eau et d’endroit pour dormir, les besoins naturels et bien d’ autres choses.Ces locataires de “Magobani” (terme usuel comorien pour désigner le milieu carcéral) sont des personnes poursuivies pour toutes formes de délits : de l’assassinat au vol, coups et blessures volontaires en passant par les agressions sexuelles et les faux et usages de faux. Sur ces différentes formes d’infraction, l’agression sexuelle occupe la première place avec 134 personnes incarcérées.

Les dossiers trainent

Cette infraction en tête représente presque la moitié de tous les détenus, toutes infractions confondues. Autre particularité, ces 134 détenus pour agression sexuelle, 66 ont déjà été jugés tandis que les 68 restants sont placés en détention provisoire et leurs dossiers sont en cours d’instruction.Le fait que presque la moitié des locataires de “Magobani” soit des personnes en détention préventive heurte plus d’un, les avocats en premier. Pour Me Fahardine Mohamed Abdoulwahid, cette situation a pour origine la lenteur de la justice.


Les magistrats sont lents, les dossiers trainent en instruction, mais cela peut aussi s’expliquer par le fait que les juges d’instruction soient en nombre insuffisant et le peu qui exerce est submergé par le travail. Dans son intervention, l’avocat trouve que quelque soit la raison, rien ne justifie la présence de 148 personnes en situation de détention préventive. « A mon sens, il s’agit des détentions arbitraires conformément à la déclaration universelle des droits de l’Homme, de la charte africaine des droits de l’Homme, de notre constitution et les lois subséquentes qui veulent que toute personne a droit d’un procès équitable. Où est donc l’équité tant que ces personnes ne sont pas jugées, à quel moment seront-ils jugés”, se demande-t-il.


En insistant sur “cet aspect de violation des droits humain”, Me Fahardine Mohamed Abdoulwahid révèle la question de droit qui dit que “le principe est la liberté, la détention est l’exception”. “Nous assistons à une inversion de la situation, la détention est devenue le principe car les juges se contentent de deux éléments pour ordonner la détention, influencer l’enquête et une peine de plus de deux ans, si l’inculpé a toutes les garanties de représentation, une adresse connue, un travail, pourquoi le placer en détention. L’application de cette règle, qui n’est pas contraire à la loi, contribuerait beaucoup à réduire la surpopulation carcérale » devait-il souligner.Quant à Mohamed Abderemane, président de l’observatoire national des prisons (Onp), “nous encouragerons la justice à réduire les longues détentions préventives car c’est la première cause de la surpopulation carcérale ».

Mariata Moussa | Alwatwan

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