La mer entre Anjouan, aux Comores, et Mayotte, a une nouvelle fois été le théâtre d’un drame. Dans la nuit du 28 août, un kwassa, ces embarcations de fortune utilisées par des centaines de Comoriens tentant de rejoindre Mayotte, a fait naufrage. Selon nos informations, le kwassa a subi une panne de moteur, condamnant ses huit passagers à une fin tragique. Parmi les victimes, on compte un adolescent de 12 ans et une jeune femme de 19 ans, mariée seulement ce mois-ci, qui espérait rejoindre son époux à Mayotte.
Ce tragique événement vient rappeler, une fois de plus, le lourd tribut humain du visa Balladur, ce dispositif mis en place en 1995 par l’ancien Premier ministre français Édouard Balladur, qui impose un visa aux Comoriens pour entrer à l’île comorienne de Mayotte sous occupation française depuis 1974.
Chaque année, des centaines de personnes prennent le risque de traverser ces 70 kilomètres de mer, dans des conditions extrêmes, à bord de kwassa-kwassa souvent surchargés et inaptes à naviguer. Les motivations de ces voyageurs sont multiples : certains fuient la pauvreté, d’autres tentent de rejoindre des proches, ou encore cherchent simplement à offrir un meilleur avenir à leurs enfants. C’était le cas de cette jeune femme de 19 ans, mariée récemment et pleine d’espoir pour une nouvelle vie avec son mari à Mayotte. Son rêve s’est malheureusement brisé en pleine mer.
Alors que le visa Balladur fête tristement ses 29 ans d’existence, il est grand temps que la France et les Comores revoient leur politique migratoire. Les experts et défenseurs des droits de l’homme appellent à une révision de ce visa, jugé inhumain, afin d’éviter que d’autres vies ne soient perdues en mer. Mais, en attendant, les eaux entre Anjouan et Mayotte continueront d’être un cimetière marin pour des dizaines de personnes chaque année, victimes d’un système qui semble, hélas, perdurer sans changement à l’horizon.
IBM
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