Depuis l’attaque contre le président Azali Assoumani, survenue le vendredi 13 septembre, une vague de répression s’abat sur les journalistes comoriens. Alors que le président a été blessé au visage par un militaire du nom de Fanou, les conséquences pour la presse indépendante et les voix critiques se font déjà ressentir. Le décès brutal de Fanou, torturé à mort en moins de 24 heures après son arrestation, a déclenché une véritable chasse aux sorcières contre ceux qui ont osé rapporter la vérité.
Les journalistes ont joué un rôle crucial en exposant la brutalité dont a été victime Fanou après son arrestation. Malgré la version officielle, selon laquelle Fanou serait mort sans torture, les images et vidéos de son corps circulent et des journalistes osent dénoncer des mutilations et des marques de torture évidentes : nez et oreilles coupées, blessures au couteau sur les jambes. Ces preuves accablantes ont poussé plusieurs journalistes à se battre pour la vérité, au péril de leur sécurité.
Parmi les premières cibles de cette répression se trouve Karim Ahmad, journaliste de CDN et collaborateur de la radio HaYba FM. Son « crime » ? Avoir diffusé la cérémonie d’enterrement de Fanou, acte perçu comme un défi direct aux autorités. Le commandant Loukman Azali, par le biais de la gendarmerie, l’a convoqué pour interrogatoire, cherchant à l’intimider. Karim Ahmad s’est volontairement rendu à la gendarmerie, mais la menace qui pèse sur lui est palpable. Ce n’est pas seulement un journaliste qu’ils cherchent à réduire au silence, mais toute une voix porteuse d’une information libre.
Abdallah Agwa, un autre journaliste au cœur de la tempête, est actuellement recherché par les forces de l’ordre. Agwa est accusé d’avoir révélé les détails de la torture subie par Fanou, contredisant ainsi les déclarations officielles du procureur. Ses enquêtes pointent du doigt les mensonges d’État, notamment ceux entourant les circonstances réelles de la mort de Fanou. Ce travail d’investigation, pourtant indispensable, a fait de lui un homme traqué.
Le cas de Karim Ahmad et d’Abdallah Agwa met en lumière une réalité plus large : celle d’une profession menacée aux Comores. Pour avoir osé informer le public et contrer la propagande gouvernementale, ces journalistes risquent leur liberté et peut-être même leur vie. Chaque reportage, chaque article, devient un acte de résistance face à un régime qui cherche à contrôler l’information et à museler toute voix dissidente.
Les journalistes sont ainsi pris entre deux feux : d’un côté, le devoir d’informer, de l’autre, la répression violente du pouvoir. Ceux qui osent publier des vérités qui dérangent sont rapidement réduits au silence par des convocations arbitraires, des arrestations et des menaces. Le cas de Fanou n’est que le dernier exemple en date d’une tendance répressive qui ne cesse de s’intensifier depuis des années.
IBM
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