Ce samedi, la famille d’Ahmed Abdou, un jeune gendarme de 24 ans, a été confrontée à l’indicible : la découverte du corps mutilé de leur fils, après qu’il ait été accusé d’une tentative d’assassinat sur le Président Azali Assoumani.
Ahmed Abdou, surnommé « Fanou » par ses proches, avait été arrêté vendredi après avoir blessé au visage avec un couteau le chef de l’État. Les circonstances précises de cette attaque restent floues puisque la sécurité du président a failli à la protection d’Azali, mais la réponse des autorités a été rapide et brutale. Peu de temps après son arrestation, la nouvelle de sa mort a été annoncée. Mais ce n’était que le début d’une autre horreur.
Conformément aux traditions musulmanes, la famille d’Ahmed a reçu son corps, enveloppé dans un tissu blanc. Toutefois, contre la volonté du gouvernement, qui leur avait interdit de procéder au rituel du lavage mortuaire, les proches ont ouvert le linceul. Ce qu’ils ont découvert les a laissés dévastés.
Le corps d’Ahmed ne portait pas seulement les stigmates de la mort, mais aussi ceux de la torture. Son nez et ses oreilles coupés, ses jambes lacérées, ses dents arrachées. Son corps racontait une histoire de souffrance, de douleur et de cruauté infligées bien au-delà de ce que la justice, ou même la punition, pourrait justifier.
Pour sa famille, pour ceux qui l’aimaient, Ahmed n’était pas simplement « l’assaillant du président ». Il était un fils, un frère, un ami. Un jeune homme, peut-être égaré, mais dont l’humanité n’aurait jamais dû être réduite à un tel état. Personne ne mérite de mourir ainsi.
Cette tragédie a été accentuée par la répression qui a suivi. Après que des images et vidéos du corps torturé d’Ahmed aient été partagées sur les réseaux sociaux, ses proches ont été arrêtés. Son frère, son père, et même l’homme qui avait aidé à la toilette mortuaire ont été interpellés, comme si le silence était la seule réponse que les autorités avaient à offrir face à cette injustice criante.
Aujourd’hui, au-delà de la douleur, c’est la soif de vérité qui anime la famille d’Ahmed et tous ceux qui ont vu son corps mutilé. Que s’est-il passé entre son arrestation et sa mort ? Pourquoi a-t-il subi de telles souffrances ?
À Salimani, les prières pour Ahmed résonnent encore, mais elles sont désormais accompagnées d’une demande de justice. Pas seulement pour lui, mais pour tous ceux dont les voix sont étouffées, pour toutes les familles qui, comme celle de Fanou, sont laissées seules face à l’horreur et à l’injustice.
Misbah Saïd
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