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Mmadi Abdou Anziz:Au lieu de détruire les bâtiments historiques, apportons une touche de modernité

 

Nos confrères d’Alwatwan rapportent les propos poignants de Mmadi Abdou Anziz, architecte de renom, qui tire la sonnette d’alarme sur la destruction inquiétante du patrimoine bâti aux Comores. Il propose des solutions pour rénover sans perdre l’âme de notre histoire architecturale.

 

Mmadi Abdou Anziz insiste sur l’importance d’une approche de design contextuel et respectueux pour conserver le patrimoine architectural tout en modernisant les constructions. Selon lui, il est crucial de valoriser l’histoire et l’authenticité des structures existantes en les restaurant avec des matériaux et des techniques traditionnelles, tout en incorporant des innovations technologiques discrètes. Il cite par exemple l’usage des feuilles de cocotier pour protéger les toits en béton.

L’architecte souligne que la modernisation des systèmes de ventilation et d’isolation peut se faire sans altérer l’esthétique extérieure des bâtiments. L’ajout de nouvelles constructions devrait harmoniser avec l’ancien, utilisant des lignes épurées et des matériaux contemporains qui complètent l’architecture historique, une approche dite néo-vernaculaire.

La destruction des éléments du patrimoine bâti aux Comores constitue, selon Mmadi Abdou Anziz, une perte inestimable de l’identité culturelle et de l’histoire collective du pays. « Le patrimoine architectural ne se résume pas seulement à des structures physiques, il incarne des souvenirs, des traditions et des savoir-faire ancestraux », déclare-t-il. La préservation de ce patrimoine est essentielle pour maintenir un lien tangible avec le passé et servir de fondation à l’évolution future.

Il appelle à la mise en place urgente de politiques de conservation, d’une sensibilisation accrue de la population et d’incitations financières pour la restauration des bâtiments historiques. Une documentation détaillée et numérique des structures existantes pourrait également aider à préserver la mémoire architecturale du pays.

Mmadi Abdou Anziz cite un exemple concret de destruction hâtive à Vuvuni ya Bambao, où un bâtiment ancien a été démoli pour faire place à une nouvelle mosquée, alors qu’il aurait pu être intégré dans le projet, offrant ainsi un rappel tangible de l’histoire. Il déplore que de telles démolitions se fassent souvent sans informer les autorités compétentes, mettant en péril notre héritage culturel.

L’architecte insiste sur la nécessité de créer une institution régie par des architectes pour vérifier et donner des autorisations concernant les bâtiments historiques, afin de préserver ce patrimoine précieux.

Concernant les briques de terre fabriquées localement à Ngazidja, Mmadi Abdou Anziz reconnaît leur potentiel mais souligne les défis liés à la rareté de la terre argileuse sur cette île. Il estime que cette approche serait plus viable sur d’autres îles où l’argile est abondante, et que leur production doit respecter des normes strictes de qualité et de durabilité.

L’utilisation de matériaux locaux peut stimuler l’économie et préserver les techniques de construction traditionnelles, offrant des opportunités de formation et d’emploi pour les communautés locales. Une approche intégrée, combinant savoir-faire traditionnel et innovation technique, peut ainsi contribuer au développement durable de la région.

 

Enfin, Mmadi Abdou Anziz exprime l’espoir que l’État comorien ait demandé des subventions à la COP27 à Charm el-Cheikh pour aider à réhabiliter les bâtiments étatiques et mettre en place une société immobilière semi-gouvernementale. Cela permettrait de reconstruire les anciens logements des fonctionnaires et de créer des bâtiments sociaux, éliminant ainsi les bidonvilles à Moroni.

Les propos de Mmadi Abdou Anziz sont un cri d’alerte pour la préservation de notre patrimoine architectural, une nécessité pour garder vivante notre identité culturelle et notre histoire collective.

ANTUF Chaharane 

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