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Les ministres, ces irresponsables…

 

« Si ces démarches sont avérées, la « fuite » des handballeurs Comoriens à la Réunion constitue alors, en partie, un camouflet pour le ministre des sports. Dans une république qui fonctionne, le ministre des sports, Djaanffar Salim Allaoui devrait en rendre compte et tirer les conséquences qui s’imposent ».

54 athlètes se sont évaporés dans la nature réunionnaise se maintenant ainsi de manière irrégulière sur le sol français. Si ce n’est pas la première fois qu’une telle défection touche une délégation sportive comorienne, l’affaire d’aujourd’hui interpelle par le fait qu’un membre du gouvernement s’y trouve régulièrement cité : le ministre des sports Djaanfar Salim Allaoui. À en croire la presse, son lien avec cette situation se situe sur deux plans. D’abord, il aurait pesé de tout son poids de ministre pour obtenir des autorités consulaires françaises les visas pour les 57 membres de la délégation. Ensuite, conscient du risque, il aurait égalementconclu un accord signé avec ces derniers qui s’engageaient à retourner aux Comores à l’issue de la compétition. Si ces démarches sont avérées, la « fuite » des handballeurs constitue alors, en partie, un camouflet pour le ministre des sports. Dans une république qui fonctionne, il devrait en rendre compte et tirer les conséquences qui s’imposent. Seulement voilà, la constitution de 2018 a taillé la part du lion au pouvoir exécutif tout en le sanctuarisant intégralement.

Un gouvernement de nom seulement

Nos ministres ne forment pas un véritable gouvernement même s’ils en portent le nom. Ils n’ont pas besoin de solliciter et d’obtenir un vote de confiance du parlement. Les ministres ne peuvent pas non plus être renversés car la motion de censure n’existe plus chez nous. Ils n’ont donc pas à nous dévoiler leur politique ou plutôt leur absence de politique. Ils sont irresponsables. Le pire c’est que dans la pratique, tout est fait pour nous faire croire l’inverse. Mais c’est de la poudre aux yeux. Il ne faut surtout pas accorder du crédit au théâtredes questions aux gouvernements. Juridiquement, les ministres ne s’exposent à aucune sanction. Que les réponses fournies soient satisfaisantes ou pas, le résultat demeure le même : ils sont irresponsables et n’ont de compte à rendre à personne. C’est simplement un jeu de rôle que l’on a copié de la France. L’absurdité d’un mimétisme qui n’a pas compris qu’en France, le gouvernement doit avoir la confiance de la majorité parlementaire sinon celle-ci peut se faire censurer si la politique menée est rejetée. Venir répondre à des questions pour les ministres français obéit ainsi à une logique : celle de rendre compte pour conserver la confiance des députés. Rien de tel chez nous. Au-delà, si l’on garde à l’esprit que l’élection du président n’a pas suivi tous les sentiers de la légalité, on comprend alors que son gouvernement est vicié de la même manière. Pourtant, cela n’a pas toujours été ainsi. La constitution de 2001 possédait des mécanismes de responsabilité qu’il s’agisse de la mise en accusation du Président, de la pétition de limogeage contre les ministres ou encore la dissolution du parlement.

 

Aujourd’hui, la vie est chère, les sociétés d’État sont en cessation de paiements, l’Université se délite, les prisons sont indignes, les hôpitaux sont des mouroirs, les délégations sportives devenues des filières d’immigrations clandestines, mais les ministres des finances, d’économie, d’éducation, de justice, de santé ou du sport surfent sur la vague. Nos institutions, il est vrai ne sont pas respectées, mais les textes qui les régissent ont été fait de sorte à éviter que le serviteur de l’État ne s’explique devant quiconque. Surtout pas devantle peuple qui de toute façon s’en complaît, occupé qu’il est à voguer à ses priorités, lesquelles sont éloignées des affaires de la cité. 

 

 

Mohamed Rafsandjani

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