En ce moment

Le renforcement de la sécurité présidentielle : un tournant paranoïaque aux Comores ?

 

Ces derniers mois, la sécurité du président Azali Assoumani a été considérablement renforcée, marquant une rupture notable dans l’histoire politique des Comores. Ce changement intervient après une tentative d’assassinat survenue fin 2024, un événement sans précédent qui a provoqué un climat de méfiance généralisée au sommet de l’État.

Des vidéos diffusées récemment montrent le président se rendant à Mitojet sous un dispositif sécuritaire démesuré, comprenant gardes armés et véhicules blindés. Ce renforcement, qui traduit un sentiment de vulnérabilité aigu, alimente les critiques selon lesquelles le pouvoir sombre dans une paranoïa croissante face à sa propre population.

Traditionnellement, les Comores étaient perçus comme un pays relativement paisible, où les dirigeants pouvaient circuler librement sans craindre pour leur vie. Cependant, depuis la tentative d’assassinat de 2024, le président semble vivre dans une peur constante. La multiplication des mesures de sécurité, doublées voire triplées, reflète un changement de paradigme où le pouvoir paraît plus préoccupé par des menaces internes qu’externes.

Ce sentiment de paranoïa se traduit également par une militarisation accrue des moyens de maintien de l’ordre. L’armée comorienne a récemment réceptionné de nouveaux véhicules blindés à Moroni, destinés à contrôler les foules et à maintenir l’ordre public. Officiellement, ces équipements visent à protéger les institutions, mais pour de nombreux observateurs, ils traduisent surtout une peur viscérale du pouvoir envers la population.

Ce renforcement sécuritaire semble symptomatique d’une impopularité grandissante. Le président Azali Assoumani, autrefois capable de se promener librement, paraît aujourd’hui replié sur lui-même, entouré d’un arsenal sécuritaire impressionnant. Pour beaucoup, cette paranoïa grandissante est un signe de fragilité. Elle illustre un pouvoir de plus en plus déconnecté de sa population, préférant se protéger plutôt que de répondre aux attentes citoyennes.

Cette situation, inédite dans l’histoire politique des Comores, suscite des interrogations. Pourquoi un chef d’État en vient-il à craindre ceux qu’il gouverne ? Une telle posture traduit un climat de défiance réciproque, où le pouvoir et la population se regardent avec suspicion. En renforçant ses mesures de sécurité, le régime donne l’impression d’être en état de siège, une stratégie qui pourrait exacerber les tensions sociales.

 

Le pouvoir en place justifie ce déploiement sécuritaire par la nécessité de préserver la stabilité dans un contexte politique tendu. Toutefois, cette posture paranoïaque peut aussi être perçue comme un aveu de faiblesse. Elle traduit une gouvernance fragile, où la peur de perdre le contrôle pousse à des mesures extrêmes.

Le renforcement logistique, notamment l’acquisition de véhicules blindés et d’équipements anti-émeutes, s’inscrit dans une logique de confrontation plutôt que de dialogue. Cette approche pourrait aggraver le fossé entre le pouvoir et les citoyens, renforçant l’impression d’un régime replié sur lui-même et coupé des réalités populaires.

Said Hassan Oumouri

Comoresinfos est un média qui a vu le jour en avril 2012 et qui depuis lors, prône l'indépendance éditoriale. Notre ferme croyance en l'information de qualité, libre de toute influence, reste un pilier essentiel pour soutenir le fonctionnement démocratique.

Soyez le premier à réagir

Réagissez à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


error: Content is protected !!