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Il est mort le 19 Janvier dernier et s’appelait Mouslim : l’avons-nous déjà oublié ?

 

Le 19 janvier 2024, Mouslim Ahmed Mkoufoundi, un jeune homme de 21 ans, a été tué d’une balle dans la tête par des militaires. Ce drame s’est produit lors d’un soulèvement spontané, déclenché par des jeunes dénonçant ce qu’ils considéraient comme un vol électoral. Ces événements marquent une page sombre de l’histoire comorienne, une page qu’il est impératif de ne pas oublier.

Après l’annonce des résultats controversés des élections présidentielles, de nombreux jeunes ont décidé de prendre les choses en main. Spontanément, ils sont descendus dans les rues pour dénoncer ce qu’ils percevaient comme une trahison de leur droit de vote. L’opposition, qui appelait régulièrement à des soulèvements populaires dans des discours enflammés, est restée pour la plupart silencieuse face à cette révolte. Si certains membres condamnaient timidement les violences, d’autres se réfugiaient dans une position d’indifférence, laissant ces jeunes livrés à eux-mêmes.

C’est dans ce climat d’abandon et de révolte que Mouslim Ahmed Mkoufoundi a perdu la vie, devenant malgré lui le symbole du sacrifice de la jeunesse pour un avenir plus juste.

La réponse des autorités ne s’est pas arrêtée à la mort tragique de Mouslim. Les manifestations ont été suivies d’une répression brutale. De nombreux jeunes ont été arrêtés, souvent sans justification, et entassés dans des conditions inhumaines faute de place dans les prisons. Certains d’entre eux ont été enfermés dans des conteneurs et soumis à des tortures. Ces traitements, indignes de toute nation aspirant à la justice, témoignent de la gravité de la situation et du prix que paient les citoyens pour réclamer leurs droits.

L’histoire de Mouslim Ahmed Mkoufoundi ne doit pas être reléguée aux marges de la mémoire collective. Ce jeune homme incarne le sacrifice de toute une génération, une jeunesse en quête de justice, de liberté et de respect. Oublier Mouslim, c’est accepter que son sacrifice ait été vain. C’est permettre que d’autres injustices se répètent dans l’indifférence générale.

Il est essentiel de rappeler ces événements, de transmettre cette mémoire et de continuer à se battre pour que de tels drames ne se reproduisent pas. Mouslim n’est pas qu’un nom ou une date. Il est un symbole, celui d’un combat inachevé pour la dignité et les droits fondamentaux aux Comores.

En honorant la mémoire de Mouslim Ahmed Mkoufoundi et en dénonçant les violences qu’il a subies, nous rappelons à chacun l’importance de rester vigilant et engagé face aux injustices. Ces moments sombres de l’histoire comorienne récente doivent être une leçon, un rappel que la liberté et la démocratie ne sont jamais acquises, mais se gagnent au prix de la vigilance et du sacrifice.

ANTUF Chaharane

 

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