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Baltasar Ebang Engonga : scandale sexuel ou nouvel « héros » des réseaux sociaux ?

L’affaire Baltasar Ebang Engonga, directeur de l’administration fiscale de Guinée équatoriale, fait grand bruit en Afrique et suscite des réactions contrastées. Accusé d’avoir eu des relations avec plus de 400 femmes dans son bureau, dont certaines sont les épouses de hauts responsables de l’État, Engonga est sous le feu des critiques dans son pays. Cependant, sur les réseaux sociaux africains, une autre réalité émerge : certains le voient comme un « héros » audacieux, allant même jusqu’à célébrer son nom dans des chansons et des mèmes.

Les accusations portées contre Baltasar Ebang Engonga sont d’une gravité rare : des enregistrements vidéos de ses rencontres avec ces femmes auraient été réalisés dans son bureau, impliquant des figures proches du pouvoir. Parmi elles, l’épouse du superviseur de la sécurité présidentielle Jesús Edu Moto Mangue, celle du ministre Antonio Oburu Ondo, une proche du ministre de la Sécurité publique Nicolás Obama Nchama, ainsi que la fille d’un éminent membre du Parti démocratique de Guinée équatoriale (PDGE), parti au pouvoir.

Face à cette crise, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, lui-même héritier probable de la présidence, a convoqué une réunion d’urgence. Pour certains observateurs, ce scandale lui offre l’opportunité de renforcer son autorité et d’affaiblir des rivaux potentiels, Engonga et son père ayant eux-mêmes acquis une certaine influence au sein du régime. Cette affaire, si elle est exploitée à des fins politiques, pourrait ainsi servir à « nettoyer » les cercles de pouvoir et à consolider la position du clan Obiang.

Si le scandale choque en Guinée équatoriale, il a pris une tournure surprenante ailleurs en Afrique. En Côte d’Ivoire, par exemple, le nom de Baltasar Ebang Engonga est devenu viral, inspirant même une chanson ironique qui fait de lui un personnage romanesque. Certains jeunes comoriens dans les réseaux sociaux, frustrés par les défis économiques et le manque de perspectives, expriment une forme d’admiration pour cet homme controversé, le voyant comme un symbole de pouvoir et de défiance envers les normes établies.

Cette popularité de Baltasar Ebang Engonga sur les réseaux sociaux révèle une fracture entre l’indignation morale et une forme de fascination pour les figures transgressives. Dans un contexte où de nombreux jeunes Africains se sentent exclus des systèmes politiques traditionnels, l’anti-héros qu’il représente pour certains devient un objet de provocation et de défiance. Là où beaucoup voient des abus de pouvoir, d’autres y voient une affirmation de masculinité et de « puissance », un contraste révélateur de l’influence des réseaux sociaux.

L’ironie de cette affaire réside dans le fait qu’un homme accusé de comportements répréhensibles en Guinée équatoriale soit devenu, dans d’autres pays, une figure quasi mythifiée. Ce phénomène, amplifié par les réseaux sociaux, met en évidence l’ambiguïté de la popularité en ligne, où certains comportements sont perçus différemment en fonction des contextes. En Afrique , l’impact de cette affaire reflète les frustrations d’une jeunesse désabusée face à ses propres élites, et pour qui la transgression devient parfois synonyme de liberté.

L’affaire Baltasar Ebang Engonga, au-delà de ses aspects scandaleux, illustre les tensions entre les élites et le peuple dans plusieurs pays africains. En Guinée équatoriale, ce scandale pourrait provoquer un remaniement des hautes sphères du pouvoir, mais il révèle aussi un malaise profond dans le rapport entre gouvernants et gouvernés. Quant à la popularité de Baltasar sur les réseaux sociaux, elle met en lumière l’influence ambiguë de ces plateformes, qui transforment un scandale en divertissement, voire en modèle de « rébellion » pour une jeunesse en quête d’idoles alternatives.

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