Depuis plusieurs années, une tendance inquiétante se développe aux Comores : les citoyens franco-comoriens qui osent critiquer le gouvernement sont victimes d’intimidations, de persécutions et, dans certains cas, d’emprisonnements arbitraires. Pourtant, face à ces dérives autoritaires, la France, pays des droits de l’homme, reste étrangement silencieuse, laissant ses citoyens binationaux livrés à eux-mêmes. Ce silence, pour le moins troublant, soulève de sérieuses questions sur l’engagement de la France envers tous ses citoyens, sans distinction.
Le cas de Hadji Mbae Soilihi en est un exemple frappant. Ce franco-comorien résidant en France se retrouve pris au piège lors d’un voyage aux Comores, son passeport confisqué par les autorités locales. Pourquoi? Simplement parce qu’il avait osé critiquer le régime en place. La confiscation de son passeport, une forme de détention déguisée, vise à faire taire les voix critiques en les privant de leur liberté de mouvement. Ce type de répression s’apparente à une punition collective, où le message est clair : toute opposition au pouvoir sera sévèrement sanctionnée.
Mais la situation de Hadji Mbae Soilihi n’est pas isolée. Le sort réservé à Fatima Mzé Saïd, une autre franco-comorienne vivant à La Réunion, est encore plus scandaleux. En détention à la maison d’arrêt de Moroni depuis plus de 19 jours pour une accusation de diffamation, cette citoyenne française n’a toujours pas eu droit à un procès équitable. Sa seule faute? Avoir exprimé des opinions critiques envers une autorité politique. Cette détention prolongée sans jugement constitue une violation flagrante des droits humains, et pourtant, la France reste silencieuse, comme si le sort de cette citoyenne ne valait pas la peine d’être défendu.
Ce silence assourdissant de la France face aux exactions commises contre ses citoyens d’origine comorienne soulève une question fondamentale : la France ferait-elle une distinction entre ses citoyens en fonction de leur origine? Lorsqu’un franco-iranien est arrêté en Iran, la France réagit rapidement, mobilisant diplomatie et pressions internationales pour obtenir sa libération. Mais pour les Franco-Comoriens, le silence est la seule réponse. Pourquoi cette différence de traitement?
Cette situation déplorable révèle une citoyenneté à deux vitesses en France. Les Franco-Comoriens, bien qu’ils paient leurs impôts et remplissent leurs devoirs civiques comme tous les autres citoyens, se retrouvent abandonnés par leur propre pays lorsqu’ils sont confrontés à des violations de leurs droits fondamentaux. Ce traitement différencié n’est rien d’autre qu’une forme d’abandon, où les origines influencent la valeur de la citoyenneté.
Misbah Saïd
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