Ce samedi, Hadji Mbae Soilihi, militant franco-comorien, a finalement récupéré son passeport, confisqué par les autorités comoriennes depuis plusieurs jours après son arrivée aux Comores en raison de ses prises de position critiques contre le gouvernement en place. Ce dimanche 11 août , il a pu quitter son pays natal pour se rendre en France, son pays de résidence. Cet événement, en apparence anodin, révèle des tensions profondes et des enjeux diplomatiques complexes entre la France et les Comores, mettant en lumière le statut ambigu des binationaux franco-comoriens.
Hadji Mbae Soilihi est une voix de plus en plus influente parmi les binationaux franco-comoriens, dénonçant sans relâche la corruption et les abus de pouvoir au sein du gouvernement comorien. Son engagement politique lui a valu non seulement des menaces, mais aussi une répression directe de la part des autorités comoriennes. La confiscation de son passeport, mesure arbitraire et illégale, s’inscrit dans une stratégie plus large de musellement des opposants. C’est grâce à la mobilisation de ses amis que Hadji Mbae Soilihi a pu récupérer son document de voyage et quitter les Comores.
Face à cette situation, le silence de la France est assourdissant. Bien que Hadji Mbae Soilihi soit un citoyen français, le gouvernement français n’a guère manifesté son soutien ni exercé de pression sur les autorités comoriennes pour résoudre ce problème. Ce mutisme reflète une tendance plus large, où la France semble prioriser ses relations diplomatiques et économiques avec les Comores au détriment de la protection de ses ressortissants binationaux.
En effet, la France, tout en affirmant publiquement défendre les droits de ses citoyens, semble adopter une posture complaisante lorsqu’il s’agit des franco-comoriens, perçus comme des « Français de seconde zone ». Ces derniers, souvent victimes de discriminations et de répressions dans leur pays d’origine, ne peuvent guère compter sur l’appui de la puissance tutélaire qu’est la France. L’absence de réaction française face à l’emprisonnement et aux pressions exercées sur les binationaux comoriens souligne une réalité amère : les intérêts stratégiques et économiques de l’Hexagone priment sur la protection des droits de ses citoyens, surtout lorsqu’ils sont issus de pays post-coloniaux comme les Comores.
Misbah Saïd
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