
C’est en tout cas ce que laissent comprendre les policiers chargés de mener l’enquête qui ne comprennent rien entre les faits pompeusement annoncés et les basses manœuvres du directeur de la Sonelec.
C’était le 10 août dernier que la page Facebook officielle de la Société nationale d’électricité des Comores (Sonelec) a publié des images d’un camion appartenant à ladite société transportant du carburant destiné au micro central de Mitsamiouli, un minibus garé de l’autre côté, des jerricanes jaunes de 20 litres sur le sol, et quelques individus présentés comme les responsables d’un réseau de détournement de carburant, « démantelé par le directeur général par intérim lui-même », pour reprendre les termes exacts de cette publication.
La phrase et les précisions apportées, ont tout de la formule choc préparée pour sans doute faire passer le nouveau maître des lieux pour le messie de l’entreprise publique qui peine à répondre à ses missions, tant les maux, essentiellement structurels, sont profonds. Le successeur d’Abdou Said Mdohoma, devenu député de Moroni Nord, pourrait vite déchanter car le caractère providentiel dont il tentait de se vêtir est rapidement mis en charpie par la police judiciaire, chargée de porter la lumière sur cette affaire.
Le commissaire Sanrati, chargée des affaires judiciaires à la police nationale, lâche le mot. Cette affaire est tout simplement « incompréhensible ». Elle ne comprend pas que les présumés voleurs ne soient pas identifiés alors que Sonelec avait affirmé que Moussa Djabir, le DG, les avait attrapés « lui-même ». Où sont-ils, donc ? « Cette histoire ne tient pas la route. Elle n’a ni queue ni tête. On n’a rien concernant les identités des présumés voleurs. On nous a envoyé seulement un bus et des jerrycans vides dont on ignore le propriétaire », réagit sans ambages la fonctionnaire.
Dans son réquisitoire contre le patron de la Sonelec, elle révèle que ce dernier avait fait détenir un individu dans les locaux du commissariat de police. Seulement, l’individu n’avait rien à voir avec l’affaire en question, mais impliqué dans une autre affaire de détournement qui remonte…à l’année dernière. « Le lendemain, le directeur de la Sonelec est revenu reprendre le monsieur pour dit-il le faire passer devant le Conseil de discipline ».
Autre annonce déconcertante, la police affirme qu’aucune goutte sur les 11 000 litres du carburant transporté ce jour-là n’a manqué. Le micro central de Mitsamiouli a en effet confirmé à la police avoir réceptionné l’entièreté de la cargaison. « Le comble dans tout ça, le chauffeur du camion (transportant le gasoil, Ndlr) qui avait garé sa voiture devant le bureau de la Sonelec est allé la récupérer sans problème » au lieu de se faire discret vu ce dont il était accusé. « Dans cette histoire, seul le directeur de la Sonelec peut lever le mystère », ironise-t-elle.
Nassuf Ben Amad/ La Gazette des Comores
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