Le paysage économique des Comores est marqué par une contradiction flagrante. Alors que l’économie du pays a enregistré une croissance de 3% en 2023, selon la Banque mondiale, le déficit budgétaire n’a cessé de se creuser, atteignant un inquiétant 4,4 % du PIB. Cette situation paradoxale révèle une gestion budgétaire pour le moins problématique de la part du gouvernement, exacerbée par les dépenses extravagantes liées aux déplacements fréquents du Président Azali et de sa délégation.
Une Économie en croissance, mais un Déficit Budgétaire qui s’Aggrave
Malgré l’augmentation de la mobilisation des recettes intérieures, les dépenses publiques ont bondi de 3,5 points de pourcentage du PIB en 2023. Une hausse qui n’a fait qu’aggraver la situation budgétaire, ajoutant 0,4 point de pourcentage au déficit. Les initiatives destinées à soutenir l’économie, telles que les hausses salariales des fonctionnaires et l’augmentation des investissements publics, ont certainement stimulé la demande intérieure, mais au prix d’un déséquilibre budgétaire croissant.
L’une des sources majeures de ces dépenses excessives réside dans les voyages presque hebdomadaires du Président Azali et de sa délégation à l’étranger. Ces déplacements, souvent accompagnés d’une suite pléthorique, suscitent des interrogations légitimes sur leur utilité réelle pour le pays. Dans un contexte où les finances publiques sont déjà sous pression, ces dépenses somptuaires apparaissent non seulement injustifiées, mais carrément irresponsables.
Ibrahim Said, un économiste local, n’a pas mâché ses mots en dénonçant cette gestion budgétaire calamiteuse. « Le gouvernement ne suit pas la trajectoire budgétaire qu’il a lui-même fait adopter. Donc notre pays est parmi les mauvais élèves de l’Afrique en matière d’économie », a-t-il déclaré. Selon lui, cette mauvaise gestion est une des raisons pour lesquelles les caisses de l’Etat se retrouvent constamment à sec.
Malgré ce sombre tableau, la Banque mondiale entrevoit une lueur d’espoir, anticipant un retour du déficit budgétaire à 2,2 % du PIB d’ici 2026, grâce à des réformes telles que l’assainissement des finances publiques et l’amélioration de l’efficacité des dépenses. Toutefois, pour atteindre cet objectif, des mesures drastiques s’imposent. La réduction des dépenses inutiles, en commençant par les voyages fréquents du Président et de sa délégation, doit être une priorité absolue.
Une situation intenable
L’économie nationale a certes bénéficié de la reprise des grands mariages et de l’augmentation des arrivées de la diaspora, principalement en provenance de France, contribuant à un niveau élevé d’envois de fonds et une inflation maîtrisée à 9,2 % en 2023 contre 12,4 % en 2022. Cependant, ces facteurs positifs ne suffisent pas à compenser une gestion budgétaire erratique et des dépenses publiques démesurées.
Soibah Saïd
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