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Tragédie en mer entre Anjouan et Mayotte : le témoignage glaçant d’un rescapé

La semaine dernière, une nouvelle tragédie a frappé le bras de mer entre Anjouan et Mayotte, laissant les habitants de l’archipel profondément choqués. Un kwassa, embarcation de fortune souvent utilisée par des migrants tentant de rejoindre Mayotte, a sombré en pleine nuit. À son bord se trouvaient 23 passagers, des hommes et des femmes, tous espérant une vie meilleure.

Nassim, un jeune homme originaire de Koni Djodjo à Anjouan, est l’un des rares survivants de ce drame. Depuis son lit dans un dispensaire où il reçoit des soins pour des brûlures aux jambes, il livre un récit terrifiant. « J’ai vu de mes propres yeux dix corps sans vie », confie-t-il, le regard hanté par les images de l’horreur vécue. Ses paroles révèlent non seulement la douleur physique qu’il endure, mais aussi le traumatisme d’avoir frôlé la mort.

Ce témoignage, rempli de colère et de désespoir, lève le voile sur les pratiques irresponsables et criminelles des passeurs qui exploitent le désarroi des passagers. Nassim accuse ces hommes, qu’il décrit comme étant en état d’ébriété, d’avoir délibérément provoqué le naufrage. Selon lui, l’un des passeurs aurait dévissé un bouchon à l’arrière de l’embarcation, permettant à l’eau de s’y engouffrer rapidement. « Ces passeurs ont organisé ce chavirage de manière délibérée », insiste-t-il, dénonçant l’ignominie de ce geste.

Malgré la douleur, Nassim a trouvé le courage de témoigner pour dénoncer ces comportements inhumains et pour avertir ceux qui, comme lui, espèrent un avenir meilleur en risquant leur vie sur ces embarcations. Les mots de ce jeune rescapé sont d’autant plus saisissants qu’il n’a pu affronter la caméra, submergé par l’émotion et le traumatisme des événements.

Ce drame illustre les risques que prennent ces voyageurs, poussés par des conditions de vie précaires et la promesse d’une vie meilleure. Pourtant, entre espoir et désespoir, beaucoup tombent dans le piège tendu par des passeurs sans scrupules, prêts à tout pour amasser de l’argent. « On paie 150 000 francs comoriens par tête, et rien n’est sûr », regrette Nassim. Ce montant exorbitant, payé au prix de sacrifices, s’ajoute à la douleur de ceux qui échappent à la noyade et à l’angoisse des familles endeuillées.

Face à ce drame, une question se pose : jusqu’à quand ces tragédies continueront-elles à endeuiller l’archipel ? Les autorités locales se retrouvent face à un dilemme : comment stopper ces traversées dangereuses tout en offrant de meilleures perspectives à la population ? Pour Anissi Chamsidine, qui lutte contre ces traversées périlleuses depuis des années, ce drame rappelle encore une fois la nécessité d’une prise de conscience collective pour éradiquer cette pratique mortelle.


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