
À quelques jours de l’investiture du président Azali Assoumani prévue ce dimanche, la situation est extrêmement tendue aux Comores. Les forces de l’ordre sont en état d’alerte générale, une mesure qui reflète la crainte du gouvernement face à de potentielles manifestations de grande ampleur. Les précédentes protestations des 17 et 18 janvier, qui ont conduit à la mort d’un manifestant, ont laissé des stigmates profonds. Cette fois, l’opposition et une partie significative de la population rejettent catégoriquement les résultats de l’élection présidentielle, accusant le régime de fraude électorale.
Depuis 2016, Azali Assoumani dirige le pays d’une main de fer, et les accusations de corruption et d’autoritarisme se multiplient. Les jeunes, particulièrement désabusés, estiment que le pouvoir en place leur a volé l’avenir en truquant les élections. Une thèse soutenue vigoureusement par l’opposition, qui appelle à boycotter l’investiture.
Émeutes et interventions musclées des forces de l’ordre
La situation est particulièrement tendue sur l’île d’Anjouan. Dans la nuit, plusieurs axes routiers ont été barrés, forçant les forces de l’ordre, déjà en alerte générale depuis lundi, à intervenir pour libérer les voies. Aux premières lueurs du jour, des témoins, dont un journaliste, ont rapporté avoir entendu une « forte détonation » aux alentours de 5 heures du matin. Cet incident mystérieux ajoute une couche d’incertitude et de peur à un climat déjà électrique.
À Moroni Coulée, des tentatives de blocage de routes avec des pneus ont été rapidement réprimées par les forces de l’ordre. Ces pneus étaient destinés à être brûlés, signe d’une volonté de protestation radicale. Des arrestations ont suivi, mais le message des manifestants est clair : ils ne reconnaissent pas la légitimité de l’actuel président et contestent sa réélection.
Une investiture sous haute tension
Le gouvernement semble redouter une réédition des violences de janvier, et la tension monte à mesure que le jour de l’investiture approche. La contestation de l’élection d’Azali Assoumani par une large frange de la population et de l’opposition politique crée un contexte explosif. Les autorités espèrent maintenir l’ordre à tout prix, mais les signes de rébellion et les actions de désobéissance civile se multiplient.
Une crise politique et sociale en toile de fond
Ce climat de méfiance et de tension est révélateur d’une crise politique et sociale profonde. Les jeunes, en particulier, se sentent dépossédés de leur avenir par un régime qu’ils jugent illégitime et corrompu. L’opposition, de son côté, refuse de reconnaître une élection qu’elle qualifie de mascarade.
Misbah Saïd
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