La Tanzanie s’embrase. Après les élections générales du 29 octobre 2025, le pays est plongé dans un chaos sans précédent. Selon le principal parti d’opposition CHADEMA, plus de 700 personnes auraient été tuées lors des affrontements entre manifestants et forces de sécurité. Les autorités, elles, parlent de “moins d’une dizaine” de morts confirmés, mais les témoignages et les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent une situation bien plus dramatique.
Dans les rues de Dar es Salaam, Mwanza, et Arusha, les protestations se poursuivent malgré le couvre-feu instauré par le gouvernement. Les habitants décrivent des scènes de guerre : pneus brûlés, barrages routiers, coupures d’électricité et d’internet. Des militaires ont été déployés dans les grandes villes, et plusieurs quartiers populaires restent bouclés.
Les tensions ont éclaté après un scrutin jugé “truqué” par une grande partie de la population. Les principaux candidats d’opposition, Tundu Lissu (CHADEMA) et Luhaga Mpina (ACT-Wazalendo), avaient été exclus de la course, laissant le champ libre au Chama Cha Mapinduzi (CCM), au pouvoir depuis l’indépendance en 1961.
« Les résultats étaient écrits d’avance. C’est une mascarade électorale », dénonce un observateur local joint par téléphone avant la coupure d’internet.
Un continent en ébullition
Ce qui se passe en Tanzanie s’ajoute à une série de crises politiques qui secouent actuellement l’Afrique. Du Soudan à la République démocratique du Congo, du Niger au Burkina Faso, Madagascar les tensions autour des élections, des transitions militaires ou du pouvoir autocratique deviennent récurrentes.
La Tanzanie, longtemps perçue comme un exemple de stabilité dans la région des Grands Lacs, semble désormais basculer dans la même spirale : celle d’un peuple jeune, connecté, frustré, et déterminé à se faire entendre malgré la répression.
Les conséquences immédiates
- Couvre-feu à Dar es Salaam et Mwanza
- Fermeture temporaire des aéroports et annulation de vols internationaux
- Coupures d’internet nationales, rendant la communication difficile
- Manifestations violentes et arrestations massives
- Économie paralysée, écoles et services publics fermés
Les chancelleries occidentales, dont la France et les États-Unis, ont émis des alertes de sécurité à destination de leurs ressortissants.
L’Afrique à la croisée des chemins
Cette flambée en Tanzanie montre à quel point le continent est en ébullition. Elle traduit un ras-le-bol générationnel face à des régimes verrouillés, une quête de démocratie réelle, mais aussi la peur du chaos.
Les experts avertissent : si la situation n’est pas rapidement apaisée, la Tanzanie pourrait basculer dans une instabilité durable, avec des conséquences économiques et régionales graves.
« Ce qui se joue aujourd’hui en Tanzanie dépasse ses frontières. C’est le reflet d’une Afrique qui bouillonne, qui réclame un nouveau contrat social », estime un chercheur du Chatham House.
L’Afrique est en ébullition, et cette fois, c’est la Tanzanie qui brûle. Le continent retient son souffle : entre autoritarisme, jeunesse frustrée et démocratie en panne, le feu couve sous la cendre.
ANTUF Chaharane


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