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Salim Saandi critique sévèrement Azali et sa politique

Interview de Salim Saandi. Parution en ce jour sur Al-fajr en première page

Quelle émergence voulez-vous offrir au peuple ?

Le peuple comorien est impatient de sentir les conséquences de l’émergence à l’horizon 2030, fer de lance du Président, pour mettre le pays sur la voie du développement.
Ce slogan, malgré sa résonnance d’espoir ne convainc plus personne au vu de la situation socioéconomique qui prévaut dans le pays. Il est perçu de surcroît comme une utopie de la politique politicienne.

Inexistence d’une véritable politique de l’emploi et de l’insertion professionnelle

Le chômage continue de s’accentuer notamment chez les jeunes. Le taux de chômage des jeunes moins de 25 ans atteint 44,5% selon une étude conjointe réalisée par le BIT, le PNUD et la FA0. En moyenne 3000 jeunes finissent leurs études à l’université des Comores chaque année pour rejoindre les places publiques et les palabres à cause du manque structurel d’emplois et d’une politique qui encourage la création d’emplois à travers l’embauche et la création d’entreprises.
La bureaucratie demeure la filière la plus courtisée par les étudiants, qui espèrent intégrer la fonction publique à la fin de leurs études, sauf que cette dernière ne peut pas offrir un emploi à tout le monde.
La filière technique doit être développée et encouragée afin de former des ingénieurs et des techniciens de haut niveau capables de créer, d’inventer et d’innover.
La culture de l’entreprenariat n’est pas assez enseignée et ne permet donc pas de créer des emplois capables de baisser le chômage de masse.

L’État doit s’engager dans une politique de création d’emplois en développant l’apprentissage et la professionnalisation (création de lycée professionnel et des cursus universitaires professionnels).
L’administration doit créer un fond d’investissement solidaire et un fond de garanti bancaire pour permettre aux porteurs de projets viables et bancables de se lancer.
Quant aux emprunts bancaires, tout doit être mise en œuvre pour emprunter à un taux négligeable inférieur à 3% pour les jeunes créateurs d’entreprises.
Le recrutement dans la fonction publique, dans le cadre de l’égalité des chances, doit se faire obligatoirement par concours. C’est la façon la plus efficace de lutter contre les recrutements politiques, le passe-droit et l’usage des faux diplômes.

Un sentiment d’injustice généralisée

C’est un secret pour personne notre justice est malade. Personne ne se présente devant un magistrat avec l’intime conviction que le droit sera appliqué dans l’impartialité et la neutralité. Pour rappel, l’impartialité garantit le droit à un procès équitable.
Il s’avère que dans notre pays la corruption est monnaie courante au cœur de la justice sans que des mesures soient prises pour prévenir stopper cette aberration qui contribue à la décadence de notre pays dans tous les plans.
Le climat des affaires ne sera jamais garanti et amorcé sans une réelle justice qui protège les investisseurs.
D’une autre part, la justice doit prendre ses responsabilités avant que la loi du talion soit appliquée dans notre pays.
Les deniers publics sont pillés sans scrupules pour servir à construire des villas de luxe personnelles, ouvrir des entreprises et payer les études des enfants des pilleurs.
Les affaires de viol se multiplient car la loi n’est pas appliquée et les violeurs ne sont pas inquiétés car leurs peines s’achètent facilement avec quelques billets de francs.

Le Ministère de la justice doit étendre le devoir de dénonciation citoyenne par un tiers des actes de corruption. Tout magistrat accusé de corruption doit être mise à pied le temps de l’enquête et radié si la culpabilité est prononcée.
Pour renforcer notre justice et éviter la lenteur des procès, le pays doit se doter d’une école nationale de la magistrature.
Dans le combat de la lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, un comité interministériel doit voir le jour afin de stopper véritablement ce fléau contraire à nos principes culturels et cultuels. Nos enfants et nos femmes sont sacrées.

Une lueur d’espoir pour l’énergie et l’eau potable brisée

Quelques mois après l’investiture du Président, les citoyens pensaient laisser derrière eux les délestages répétitives et les coupures de l’eau potable. Un budget important est investi à la SONELEC pour l’achat de moteurs électrogènes afin de sortir le pays du noir et permettre la reprise de l’activité économique. Sauf que cette lueur d’espoir n’a duré que quelques mois, et aujourd’hui, même Moroni capital du pays n’est pas fourni régulièrement en eau et en électricité, n’en parlons plus les villes périphériques raccordées aux réseaux SONED et SONELEC.
Le projet fioul lourd qui pourrait être une sérieuse alternative est au point mort.

Compte tenu de l’importance de la question de l’eau et de l’électricité dans le pays, toutes les possibilités doivent être étudiées pour remédier ce problème récurrent qui pèse sur le cadre de vie des citoyens et de l’économie nationale.
L’État peut donc envisager un partenariat public-privé pour les deux sociétés d’État (SONELEC et SONED), dans le but de sauver et pérenniser les deux sociétés.

Un coût de la vie en flèche

Le citoyen est contraint de payer le prix fort dans n’importe quel domaine (nourritures, services, éducation, santé…), alors que le salaire minimum est fixé à 40 000 KMF.
Par exemple le carton de 10 KG de poulet coûte 10 000 KMF, le kilo de banane 750 KMF, une inflation justifiée par plusieurs aspects notamment l’importation de masse de tous les produits, le coût de la douane et la rareté de certains produits dans le pays.
Une situation qui contribue à la paupérisation des citoyens et l’effondrement de leur cadre de vie.
Al Qamar est convaincu que l’émergence doit commencer par l’autosuffisance alimentaire. Nous exhortons le gouvernement à étudier les pistes pour la mise en place d’une société nationale de l’agriculture et de la pêche au même titre que les autres sociétés d’État comme Comores Telecom, Sonelec, etc…
Cette société nationale de production contribuera à la fois à atteindre l’autosuffisance alimentaire, la baisse des prix des produits et permettra la création d’emplois (1000 emplois directs et 2500 emplois indirects) dès la première année. Les indicateurs de son modèle économique démontrent que le projet est viable économiquement avec un résultat positif.

Des infrastructures scolaires vétustes et en état d’insalubrité

L’éducation ne peut pas être assurée dans de meilleures conditions sans tenir compte de l’état des infrastructures. Les bâtiments scolaires publics qui accueillent nos enfants sont dans état menaçant ruine et fortement en péril à l’image du lycée Said Mohamed Cheikh.
L’état actuel de l’école publique contraint les parents d’inscrire leurs enfants dans les écoles privés, malgré les difficultés économiques.
L’accumulation des arriérés de salaire et la grille indiciaire appliquée au corps de métier de professeur dans la fonction publique encouragent l’augmentation du taux d’abstention des professeurs et le cumul d’activités (public/privé).

Pour palier à ce problème, le gouvernement doit adopter rapidement un plan national de lutte contre l’insalubrité dans les écoles. La RAU est une piste sérieuse de financement qui pourrait être retenu.
J’appelle le gouvernement à mettre tout en œuvre pour valoriser le régime indemnitaire des professeurs.

Al fajr

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