Au début du Ramadan 2024, une lueur d’espoir avait brillé pour les Comoriens lorsque le président Azali Assoumani avait exhorté les commerçants à réduire les prix des denrées alimentaires. En signe de cet engagement, une liste de prix pour certains produits avait même été publiée. Cependant, ces voeux pieux n’ont guère trouvé d’écho dans la réalité quotidienne des habitants, confrontés à une flambée des prix alimentaires durant ce mois sacré.
Le quotidien des Comoriens, déjà marqué par des conditions économiques difficiles, se trouve aggravé par cette crise alimentaire. Trouver de quoi préparer le foutari, le repas de rupture du jeûne, s’apparente à un véritable défi. Les prix de tous les produits alimentaires ont connu une hausse significative, rendant même les mabawas – ces ailes de poulet congelées très prisées – un luxe inatteignable pour beaucoup. La viande de zébu, autrefois accessible à un plus large public, est désormais réservée à une élite financière.
Les fruits et légumes ne font pas exception à cette tendance. Les prix des bananes, en particulier, atteignent des sommets sur les marchés, exacerbant les difficultés pour les familles aux revenus modestes. Le journal « Al-Watwan » souligne particulièrement la situation désastreuse sur l’île de Mohéli, où, malgré une production abondante de bananes, les habitants peinent à en bénéficier. Les négociants préférant exporter ces fruits vers les îles de la Grande Comore ou d’Anjouan, où ils peuvent être vendus à un prix plus élevé, délaissent les Mohéliens.
Par ailleurs, la situation est d’autant plus paradoxale que certains produits importés, tels que l’huile, le sucre, le beurre, ou encore le lait en poudre, s’avèrent plus onéreux aux Comores qu’à Mayotte, pourtant réputée pour son niveau de vie supérieur.
Ce contraste saisissant entre les intentions affichées au début du Ramadan et la réalité du marché illustre les défis auxquels sont confrontés les Comoriens. Malgré les appels à la solidarité et aux efforts pour alléger le fardeau des plus démunis, la situation alimentaire reste préoccupante, témoignant des difficultés économiques et logistiques qui entravent l’accès à une nourriture abordable pour tous.
Saïd Hassan Oumouri
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