Dans un pays où l’arbitraire semble régir les décisions et les actions, la situation à l’aéroport de Moroni aux Comores met en lumière une réalité préoccupante. Neuf employés de cet aéroport ont récemment été arrêtés, non pas pour avoir négligé l’entretien de la piste d’atterrissage, mais pour avoir révélé son état déplorable. Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux montre la piste de l’aéroport de Hahaya criblée de nids de poule et d’ornières, évoquant les pires routes de la région.
Un pilote, habitué à cette destination, témoigne de la dangerosité de cette piste, l’une des pires qu’il ait connues, comparable seulement à certaines pistes à Madagascar. Les réparations sommaires, faites avec un peu de goudron, ne suffisent pas à masquer le danger. De plus, la conception bombée de la piste empêche de voir un avion atterrissant depuis l’autre extrémité, ajoutant un risque supplémentaire pour les appareils et leurs passagers. Ce témoignage soulève des doutes quant à la conformité de l’aéroport aux normes de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (OACI).
La divulgation de l’état de la piste a entraîné une réaction virulente des autorités, qui ont rapidement placé en garde à vue les employés soupçonnés d’avoir filmé et diffusé les images. Cette répression met en évidence le climat de censure et de contrôle exercé sur les informations dans le pays, où révéler un problème semble plus grave que le problème lui-même.
Heureusement, un projet de rénovation de la piste et de tout l’aéroport est prévu, grâce à une nouvelle concession accordée à une société des Émirats Arabes Unis. Cependant, cet incident soulève des questions plus larges sur la gestion des infrastructures et la liberté d’expression aux Comores, où l’arbitraire semble souvent primer sur la sécurité et la transparence.
ANTUF Chaharane
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