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«Moustadrane Abdou aurait pu être candidat à la présidence en 2021 pour le tour d’Anjouan et Azali Assoumani, son vice-président »

Par Faïza Soulé Youssouf / LGDC

C’est LA nouvelle de la semaine dernière. Hamidou Karihila, ancien secrétaire général de Convention pour le Renouveau des Comores (principale formation au pouvoir) a quitté le navire le 15 novembre dernier. Coup dur sans doute pour le président de la république. Pour autant, l’ancien secrétaire d’Etat chargé du Monde Arabe n’est pas hargneux envers lui. Il a même retrouvé une certaine sérénité, après la déclaration d’amour qui lui a été démontrée à Mbeni, le vendredi dernier « pour fêter son divorce d’avec le régime». S’il n’a pas encore décidé quel est son avenir politique immédiat, il réprouve quand même la réforme constitutionnelle du 30 juillet dernier : « Un scénario à la Vladimir Poutine et Medvedev eut mieux convenu ». Interview.

Question: Serez-vous candidat pour les prochaines élections ?

Hamidou Karihila: Ecoutez, la décision de rompre avec la Convention pour le Renouveau des Comores est toute fraiche. Celle de prendre mes distances avec mon père et ami, le président de la république l’est tout autant. Il est donc trop tôt pour me prononcer. Je dois prendre le temps d’écouter mes amis, mes soutiens avant de prendre une décision d’une telle envergure.

Question: Vous vous retrouvez aujourd’hui sans parti politique. Allez-vous en créer un ou adhérer dans une formation politique ?

H.K: Il est trop tôt pour le dire. Maintenant, il est sûr que je suis dans l’opposition. Mais celle-ci a plusieurs tendances. Et je ne sais pas encore sur laquelle portera mon adhésion.

Question: Plus tôt, cette année, vous avez pourtant opéré un rapprochement avec l’ancien ministre des finances, Mohamed Ali Soilihi, originaire de la même région que vous et surtout leader de l’Updc et de l’Union de l’opposition.

H.K: Il est vrai que j’ai fait la paix avec Mohamed Ali Soilihi durant le mois de ramadan et à cette occasion, nous avons rompu le jeun ensemble. A plusieurs reprises et par le fait du jeu politique et des échéances électorales, nous étions des adversaires. Mais tout cela est derrière nous. Vous savez, j’ai soutenu le président de la république depuis 19 ans. Et envers lui, j’ai toujours été d’une honnêteté sans faille. En 2016, après le retour du président au pouvoir, contre toute attente, j’ai été mis au placard. J’ai hérité d’un secrétariat d’Etat comme mon ami Mmadi Kapachia, après avoir été le secrétaire général de la Crc.

Question: Justement, quelles sont les raisons profondes qui vont ont poussé à quitter la principale formation au pouvoir ?

H.K: Avez-vous l’impression que la Crc soit au pouvoir, vous ? Ce que je constate, c’est que le pouvoir est concentré entre les mains de quelques personnes. J’ai presqu’envie de parler de royauté…

Question: L’on vous reproche également d’avoir quitté la formation présidentielle pour des questions d’intérêt personnel ?

H.K: Rires. Nous avons perdu le pouvoir en 2006. J’ai fait 10 ans et durant cette décennie, jamais je n’ai tenté d’approcher un pouvoir afin d’être nommé quelque part. Jamais. Ni sous Sambi, ni sous Ikililou. Je ne voulais pas d’un ministère, mais je voulais une reconnaissance du travail colossal que j’ai abattu de 2006 à 2019, pour ne parler que de cette période. Que je sois consulté par exemple pour des décisions importantes. Mais dès le 26 mai 2016, j’ai eu comme l’impression que je n’existais plus.

Question: Les rumeurs de votre démission étaient persistantes depuis l’année dernière, pourquoi avoir pris tout ce temps ?

H.K: J’ai pris mon temps en espérant que la conduite des tenants du pouvoir allait changer dans le bon sens. Et ma patience a des limites. Pour illustration, en 2015, quand le Mouvement du 11 août conduit par Mr Ali Bazi Selim a vu le jour, c’est moi qui étais dans les discussions avec les membres du Mouvement. Mais dès notre accession au pouvoir en 2016 et dans la perspective des assises de 2018, je n’ai jamais été associé. Vous aurez remarqué que je n’ai pris part ni aux assises, ni à la campagne référendaire. J’espérai que le pouvoir allait être inclusif, je me suis trompé. Est-ce la faute du président, de ses collaborateurs ? Je ne sais pas.

Question: Le président vous a élevé au grade de Chevalier de l’Ordre du Croissant Vert comorien, le 06 juillet dernier. N’est ce pas une forme de reconnaissance?

H.K: J’ai été certes décoré mais c’était l’homme de lettres qui a publié 5 ouvrages en arabe. D’ailleurs, je n’ai pas été le seul à recevoir une distinction, nous étions un petit groupe.

« Nous avions la chance d’avoir eu un parti qui est retourné aux affaires après les avoir quittées. Ce devait être un parti exemplaire dans le microcosme politique, en terme d’alternance par exemple si nous avions continué de la sorte ».

Question: La Crc est-elle minée comme il se dit, par une guerre des clans ?

H.K: Je ne suis au courant de rien.

Question: Quand vous avez dit ne pas être d’accord avec ce qui se passe lors de votre dernière déclaration à la presse, à quoi faites vous allusion ?

H.K: Nous avions la chance d’avoir eu un parti qui est retourné aux affaires après les avoir quittées. Ce devait être un parti exemplaire dans le microcosme politique, en terme d’alternance par exemple si nous avions continué de la sorte. Selon mon entendement, j’eus préféré que nous fassions les 5 ans prévus par la constitution. Et pour 2021, qu’il y ait un président anjouanais issu de la Crc. Cela aurait été une chose formidable.

Question: Vous êtes en train de dire que vous n’étiez pas d’accord avec la réforme constitutionnelle ?

H.K: Non, loin de là. *Un scénario à la Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev eut mieux convenu. Moustadrane Abdou semble avoir la confiance du président. Il aurait pu être candidat à la présidence en 2021 et Azali Assoumani, son vice-président. C’eut été préférable que l’impasse politique dans laquelle nous nous trouvons actuellement. Et le parti encore une fois, aurait gagné en respectabilité. Avec lui, le pays tout entier qui aurait sauvegardé la cohésion sociale et la paix. Par ailleurs, aujourd’hui l’on ne parle que de la mouvance présidentielle au détriment de la Crc alors que la Mouvance ne dure que le temps du pouvoir. Mouvance qui est majoritairement constituée de partis qui ne nous ont même pas soutenus au second tour lors des dernières élections, c’est dire!

Question: Que pensez-vous du référendum et de la crise politique qui s’en est suivie ?

H.K: L’initiative ne peut être que présidentielle. C’est à lui de voir s’il peut faire machine arrière afin de sortir le pays de la crise. Plus on avance, plus les problèmes s’amoncellent. Nous avons tous à gagner d’avoir un pays en paix.

Question: On vous a très peu entendu ces derniers temps. Il y a eu l’arrestation de l’ancien président Sambi, l’exil de l’ancien vice-président Djaffar, l’insurrection à Anjouan le mois dernier, ainsi que la mise en détention provisoire du Gouverneur Salami, un commentaire ?

H.K: Je ne peux me prononcer maintenant, laissons la justice faire son travail dans la sérénité.

Question: Vous êtes réputés être proche du monde arabe, particulièrement du royaume saoudien, dont vous avez été l’ambassadeur des Comores à Riyad, quel regard porte ce dernier sur la situation politique aux Comores ?

H.K: Je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question, il est mieux de vous adresser directement aux autorités concernées.

Propos recueillis par Faïza Soulé Youssouf / LGDC

**En 2008, Dimitri Medvedev a été élu président de Fédération de Russie, propulsé par Vladimir Poutine qui ne pouvait briguer un 3eme mandat. Poutine était durant tout le quinquennat, le premier ministre de Medvedev

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4 commentaires sur «Moustadrane Abdou aurait pu être candidat à la présidence en 2021 pour le tour d’Anjouan et Azali Assoumani, son vice-président »

  1. C’est un scénario du déjà vu. Abdallah Mohamed était parti mais pas loin. Vous Mr KARIHILA, vous n’êtes pas aussi loin. Avouez le, vous allez infiltrer l’opposition. Ca c’est mon point de vue et l’histoire le jugera.
    Maintenant que reprochez vous à AZALI? de ne vous avoir pas reconduit au Gouvernement ou de vous avoir donner le porte feuille de Secrétaire d’Etat.
    Durant les 10 ans de refléxion et de planification qu’elle a été ton oeuvre, ne nous dites pas que c’est AZALI seul qui réflechissait. Si tel est le cas, Bravo voilà un vrai Dirigeant.

  2. Cet individu est un charlatan!
    En effet, durant la campagne référendaire, ce docteur qui ne « soigne pas » a su fermer sa gueule afin de préserver sa gamelle.
    Aujourd’hui, il va nous dire qu’il était contre la réforme constitutionnelle.
    Celui qui était contre on le connait, il s’appelle le vice président Djafar.
    Et dire que les « cadavrés » de l’opposition vont l’accueil pour prendre la place d’un autre charlatan qui s’appelle Msaidié passé armes et bagages au camps du secte Azali.
    La valse des lâches et des sans honneurs continue!
    La place de tels individus est aux poubelles de l’histoire.
    Que dieu les maudisses!!!!!

  3. Mr H.k,je salue d’abord l’audace que tu as de quitter le bateau qui va chavirer bientôt insha Allah amine,mais c’est qui qui me fait peur c’est le fait que tu hésites de clarifier certaines réponses aux questions posées comme celle des arrestations ou encore celle de l’Arabe saoudite qui est l’ennemie des îles Comores.
    Donc Mr H.k soit clair.

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