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Moroni une ville pour tous, mais haïe par tous

Cette semaine, la ville de Moroni fait la une de l’actualité avec la décision de la marie de  détruire les taudis construits tout au long du littoral et les magasins à ciel ouvert qui empiètent la voie publique.

 

Conformément aux dispositions de l’article 2 de la constitution de l’Union des Comores, Moroni est la capitale de l’Union des Comores et une loi organique portera statut de cette ville et déterminera les îles où siègent les institutions de l’Union. 7 ans après l’adoption de la loi référendaire du mois de mai 2009 qui a introduit cette disposition, cette loi organique, se fait toujours attendre. Et pourtant, il est plus qu’urgent de donner un statut juridique à la capitale politique, économique du pays. Une capitale qui fait honte au pays, car cette ville, est devenue une ville poubelle, une ville containers, un grand bidonville sans assainissement.

Depuis l’accession de ce pays à l’indépendance, l’administration communale de la capitale n’a jamais été mise en place, en dépit du développement considérable au cours de ces dernières décennies de la ville. La population actuelle avoisine les 100 000 habitants, avec l’arrivée massive notamment d’une population contrainte de s y’installer en raison de la dégradation des routes qui limitent la circulation des biens et des personnes dans l’île. Des bidonvilles poussent comme des champignons dans les périphéries de la ville.


Face à cette métamorphose de la ville, les infrastructures ne suivent pas et ne répondent pas aux besoins de ses habitants. Les autorités politiques du pays n’ont jamais assumé leur mission en matière d’éducation, d’urbanisme, d’assainissement, de décentralisation et de développement économiques de la ville. Toute la zone Sud de la ville ne dispose ni d’école publique, ni de centre de santé. La zone nord de Moroni ne dispose pas d’eau courante depuis des années. Les routes secondaires de la ville dont totalement défoncées.

 

Il y a presque trois ans, au mois de mai 2014, la Commission des lois de l’Assemblée de l’Union avait renvoyé aux calendes grecques, le projet de loi organique portant statut particulier de la ville de Moroni présenté par le gouvernement. Ce rejet a été motivé notamment par le lobbying exercé par les habitants des localités voisines de la capitale. Ainsi, les habitants des villes d’Iconi et d’Itsandra Mdjini ont été reçus à l’Assemblée de l’Union, lors de cette session parlementaire du mois d’avril 2014,  pour venir  contester les délimitations géographiques de la capitale. Ils ont eu, l’oreille attentive des élus et du Président de la Commission de la loi. Les discussions portant sur le projet de loi organique de la ville de Moroni ont été suspendues et l’élection municipale de la ville de 2015 a eu lieu sans son statut particulier. Le maire élu n’est pas celui qui a eu la majorité lors de ce scrutin.   

 

La ville de Moroni qui abrite les orginaires de toutes les villes et des villages  de l’archipel, les institutions de l’Union et de l’ile de Ngazidja n’a pratiquement plus  de défenseurs. Certains de ceux qui y habitent avec leurs familles et qui disposent de leur fonds de commerce, qui envoient leurs enfants dans les établissements scolaires de la ville, sont paradoxalement ceux qui ont une haine vis-à-vis de cette ville qui leur a tant donné. 

 

Moroni, la capitale des Comores, mérite mieux que cette image d’une ville, hideuse, poubelle, sans infrastructure de base et sans charme. Une ville qui croule, sous les ordures à la merci des arnaqueurs de terrains qui n’attendent que le recul des pouvoirs publics pour s’accaparer et vendre les maigres terrains des domaines publics et des terrains privés de la ville. 

 

Il est temps de doter cette ville de son statut particulier pour renforcer les pouvoirs de la mairie afin qu’elle puisse donner une image digne à cette capitale des Comores : Moroni.

Comores Droit

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