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« L’or était caché dans des glacières pour faire croire que c’était du poisson »

Affaire des 28 lingots saisis le 28 décembre

L’or de ce trafic provient de Madagascar. Il est récupéré via des vedettes au large des côtes anjouanaises. Il sera acheminé toujours via le même moyen de transport à Chindini, dans le Sud de Ngazidja, dans des glaciaires pour faire croire que c’était du poisson. Le métal jaune quittait le pays pour Dubaï destinée présumée à bord de vols commerciaux d’Ethiopian Airlines. Dans ce système bien rôdé, il y aurait eu 11 opérations entre septembre et décembre 2021.

Plus de deux semaines après le scandale lié au trafic d’or saisi à l’aéroport de Moroni le 28 décembre et 3 jours après la mise en détention provisoire de 10 prévenus dont le directeur général des Aéroports des Comores Yasser Ali Assoumani, un ancien receveur des Douanes, Fardi Abodo, 2 malgaches recherchés par la justice de leur pays, Azaly Failaza Pacheco et Pierre Stenny et Elhad Ibrahim, l’on en sait un peu plus sur ce trafic qui passionne l’opinion publique. « Les investigations ont permis de découvrir un réseau bien organisé de trafic illicite d’or », a indiqué le parquetier, Ali Mohamed Djounaid. L’opération aurait été déjouée grâce à la filature des services des renseignements en la personne de Elhad Ibrahim. Celui-ci a été gracié en 2019 par le chef de l’Etat après avoir été condamné dans l’affaire de la tentative d’attentat contre l’ancien vice-président Moustadrane.
Le magistrat nous apprend qu’entre septembre et décembre 2021, il y a eu pas moins de 11 opérations. « La marchandise transitait habituellement à l’aéroport de Prince Said Ibrahim avant d’être acheminé à Dubaï via les vols d’Ethiopian Airlines ». Dubaï serait la destination finale de ce trafic.

L’or en provenance de Madagascar est acheminé au large des côtes anjouanaises

Selon toujours le procureur de la république, Ali Mohamed Djounaid, l’or provenant de Madagascar est récupéré au large des côtes anjouanaises, à l’aide notamment « de vedettes très rapides ». Celui-ci est par la suite dissimulé dans des glacières pour faire croire « que c’était du poisson ». Les glacières sont ensuite transportées en vedette à Chindini, au Sud de la Grande-Comore. Jusqu’à l’opération du 28 décembre où les 3 protagonistes comptaient voyager à bord d’un jet privé, les lingots quittaient le pays à bord d’Ethiopian Airlines. L’on peut raisonnablement penser que les 2 malgaches et le comorien ont affrété un jet privé, les Émirats Arabes Unis ayant suspendu les vols en provenance d’Addis Abeba.

Un système bien huilé grâce à un graissage de pattes allant de 40 euros par kilo d’or à 250 euros

A lire le compte-rendu du procureur, l’on se rend compte que le système était bien huilé grâce notamment au graissage des pattes de certains agents aéroportuaires, signant l’implication de petites mains comme de gros bonnets. « Il s’est avéré que ces lingots d’or étaient toujours accompagnés de somme d’argent destinées à payer des pots de vin aux différents agents de contrôle de l’aéroport pour faciliter la sortie de l’or du territoire national à partir de l’aéroport de Hahaya ». Certains agents percevaient « 250 euros par kilogramme et d’autres entre 40 et 80 euros par kilo d’or ». Dès lors, il n’est pas étonnant que durant toutes les opérations effectuées, les membres de ce réseau de trafic illicite n’ont jamais été inquiétés à l’aéroport et les portiques de sécurité n’ont jamais rien détecté. Pour y réussir, il faut la complicité de petites mains mais l’implications d’agents à la responsabilité bien plus grande. « Il s’est avéré que des hauts responsables de l’aéroport donnaient toujours des instructions aux différents agents, chargés aussi bien de l’accueil en salle Vip que ceux chargés des contrôles », a précisé le procureur de la république. Dès lors, il n’est pas surprenant que le Directeur Général des Aéroports des Comores, Yasser Ali Assoumani et un ancien receveur des Douanes, Fardi Abodo soient cités dans cette affaire. D’aucuns se demandent même si l’arrestation supposée de Yasser Ali Assoumani (démentie par le principal intéressé) à l’aéroport de Dubaï en octobre dernier avec un pactole (non déclaré) de 60 000 euros n’est pas en lien avec le trafic qui vient d’être démantelé.
En tout cas, les chefs d’inculpation sont lourds, certains encourent jusqu’à 10 ans de prison, pour participation à un groupe criminel, contrebande, corruption active et passive, abus de fonction et complicité.
Preuve du grand intérêt que porte l’Etat malgache porte à cette affaire, une délégation en provenance de la Grande Ile est attendue le 11 janvier prochain.

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