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L’installation des feux de signalisation à Moroni suscite déjà la controverse

Malgré leur importance pour réguler la circulation routière, les feux de signalisation, installés depuis mercredi dernier dans la capitale et dans sa périphérie immédiate, suscitent déjà la controverse. Si certains saluent cette nouvelle initiative qui s’étendra dans tout le pays, d’autres voient en elle une entorse au droit.

 

L’opération d’installation des feux tricolores de signalisation au niveau du trafic routier a débuté mercredi dernier, 7 juin, à Moroni.

Un mois après la mise en place des caméras de surveillance à certains endroits de la capitale, ces nouveaux travaux ont pour but de réguler la circulation routière souvent perturbée par les embouteillages et la conduite pas très civique des conducteurs.

Selon le ministre de l’Intérieur, Mohamed Daoudou, ces feux seront, dans un premier temps, installés dans la capitale et dans sa proche périphérie.

A Ngazidja, elle couvrira l’axe Itsandra, au nord de la capitale, jusqu’à Mde, au sud. A en croire toujours le premier flic du pays, il s’agit d’un projet pilote initié par le ministère de l’Intérieur à la demande du président de la République pour garantir la sécurité des citoyens.

L’implantation de ces appareils au niveau des carrefours et ronds-points facilitera, selon lui, le travail des agents de la sécurité, plus particulièrement, les policiers et les gendarmes.

Il précisera, en outre, que ces travaux se poursuivront jusqu’à ce que les kits déjà disponibles soient installés en attendant l’arrivée d’autres lots.

au du rond-point Gobadju, au sud de la capitale par exemple, ce fut des citoyens qui ont entrepris de réguler la circulation, les premiers jours, car certains automobilistes faisaient fi… du poteau tricolore.

Si le ministre de l’Intérieur se veut rassurant, quant aux rôles qu’ils pourront jouer dans la circulation routière, d’autres responsables se demandent si une étude préalable a été effectuée avant même leur installation.

«Je salue l’initiative du gouvernement de vouloir réguler le flux des automobiles, mais est ce que les dispositions nécessaires ont été prises pour que ces efforts ne fassent pas long feu ?», s’interroge Mohamed Saïd Abdallah Mchangama, président de la Fédération comorienne des consommateurs (Fcc).

Selon lui, ce processus devrait faire l’objet d’une vaste consultation entre les différents acteurs concernés par ces nouvelles dispositions afin qu’ils soient tous capables de s’en approprier.


Aucune base juridique

Malgré que le premier flic du pays ait annoncé l’organisation d’une vague de sensibilisation concernant ces nouvelles dispositions de la circulation, l’inexistence de ces feux dans le code de la route comorien sème le doute.

Pour Me Omar Zaid, les sanctions relatives à ce type de délits n’existent pas dans le code de la route même celle qui a été révisé en 2009.

«Depuis l’installation de ces feux, un certain nombre de mes collègues et moi avons effectué pas mal de recherches sur ces feux mais à la grande surprise il n’y a pas un seul endroit où de tels actes sont qualifiés d’infraction», a-t-il souligné.

S’il reconnait la nécessité ou l’urgence de réguler la circulation routière pour garantir la sécurité de la population, il n’a pas non plus manqué de rappeler que cela ne signifie pas forcément que les sanctions qui en découleront ont une base juridique.

Pour justifier son argument, Me Zaid se réfère à l’article 4 de la constitution comorienne et à l’article 7.1.2 de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples qui stipulent ceci «Aucune personne ne peut être sanctionnée sur une infraction qui n’existait pas au  moment des faits».

Il a, toutefois, appelé les autorités à procéder à un aggiornamento des textes. Le président du Modec va dans le même sens et évoque une proposition de loi qui inclura les nouvelles dispositions relatives aux feux de signalisation.

Abdou Moustoifa/Alwatwan 

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