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L’info n’est pas un luxe

Opinion libre: Contrairement à une idée répandue, notre premier besoin n’est pas le pain mais l’information. Lorsque des êtres humains sont privés d’une information honnête et équilibrée, ils sont privés de tout.

Demandez à n’importe quel prisonnier ce qui lui pèse le plus au fond de sa cellule si c’est la qualité de la cuisine en prison ou le manque d’informations. La réponse sera invariable.

Puis, dans toutes les civilisations du monde, lorsque deux personnes se rencontrent le matin, elles ne se demandent pas ce qu’elles ont mangé mais cherchent à s’enquérir des nouvelles du jour…

Le droit à l’information n’est pas un luxe inventé par des occidentaux opulents. Il figurait déjà en bonne place dans la charte des chasseurs du Manden élaborée à l’occasion de l’intronisation de Soudjata Keita comme roi du Mali en 1222 soit plus de cinq siècles avant la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (1789).

Pourtant, ici chez nous sévit depuis des décennies une épidémie indolore, qui frappe les hommes politiques comoriens en général, tous persuadés qu’ils doivent choisir les nouvelles à diffuser et la manière de les traiter. L’absence de grands médias privés pour contrebalancer la domination des médias publics a contribué amplifier ce mal.

Les journalistes sont réduits souvent à de simples porte-micros. Cette conception brejnévienne a même ses théoriciens devant l’éternel dont l’inégalable Omar Tamou et Mohamed Abdou Soimadou ( Ce dernier a même publié un petit livre sur le sujet digne de l’époque stalinienne).

Depuis 43 ans, pas un leader politique ne parvient .à s’immuniser contre ce fléau. . Dans les sphères de pouvoir, on ne semble toujours pas comprendre une chose élémentaire : les êtres humains n’achètent pas de poste téléviseur et des journaux pour se faire servir de la Com et du « cirage de pompes ».

Dès qu’un compatriote accède à une parcelle de pouvoir, il avale tout ce qu’il a appris sur le droit de la presse et soumet les journalistes à des actes de violences inouïs : violence physique ( Passage à tabac de Ibrahim Youssouf), violence psychologique ( dénigrement systématique publics) et violence économique ( en leur coupant les vivre ou en cassant les carrières).

Comme les hommes ne font pas toujours ce qu’ils prétendent, l’info ne peut pas être lisse. Elle est souvent plus complexe. C’est une mission d’utilité publique de tenter de cerner le réel et le rendre dans sa complexité.

La classe politique comorienne a mieux à faire que de chercher tout le temps à brider l’information, ce qui revient- à l’époque de Google et Facebook- à vouloir élever des barrages contre l’océan.

Elle devrait commencer par se former à pouvoir travailler avec des médias modernes et professionnels, avec des journalistes sérieux et non pas des attachés de presse embusqués.

Ailleurs, les hommes politiques n’hésitent pas à s’inscrire à des formations de médias training. Cela aurait pu éviter certaines déclarations embarrassantes faites à la presse étrangère de la part d’hommes politiques surpris par des journalistes à qui on ne peut pas dicter ce qu’il faut publier.

Ali Moidjié

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