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L’incompétence du ministre de la justice est devenue notoire

Dimanche dernier, 30 Aout, dans la matinée, Mohamed Houssein, qui s’est attribué le nom de Djamalilail, ministre de la justice nommé il y a plus de deux ans, a été incapable de présenter une seule loi à l’assemblée nationale depuis sa nomination. Il se contente de gérer le quotidien, et tenter de soutirer de l’argent à son collègue, ministre des finances. Son incompétence est devenue notoire. Ce magistrat sans formation, car nommé par un président il y a plus de 20 ans, a bénéficié d’un enseignement islamique au Koweit. A son tour, il a fait rentrer dans le corps de la magistrature, il y a quelques mois, 2 nouveaux magistrats sans la moindre formation appropriée. Il s’agit de Tocha et Elamine. Mohamed Houssein, puisque c’est de lui qu’il s’agit, n’a pu apporter la moindre réforme dans son ministère. Mais, à défaut de briller sur le plan national, il a, tout même, réussi à rendre service à sa ville natale d’Itsandra Mdjini, chef lieu historique du Itsandra. Dimanche dernier, heureux comme un pingouin, il a installé le nouveau cadi de Bagani-itsandra, à Itsandra Mdjini. En deux ans comme ministre dans le gouvernement d’Azali Assoumani, c’est la seule action positive qu’il a pu entreprendre. A défaut de briller sur le plan national, il a su l’être dans sa ville natale. A cette occasion, le tout Itsandra présent, plusieurs personnalités ont pris la parole. Parmi ces personnalités, le nouveau grand Mufti, un autre Djamalilail, a pris la parole et a expliqué le rôle oh combien important que doit jouer le cadi dans la société musulmane. Ce qui a étonné, pour ne pas dire choqué le public, c’est le fait d’entendre le nouveau Mufti, dans son allocution, faire référence uniquement à l’Imam Ahmad Ibn Hanbal. Voici ce que nous dit Wikipedia à propos de Hanbal.

« Ahmad ibn Hanbal, le fondateur de l’école hanbalite, était un disciple d’Ash-Shâfi’î. Comme Shâfi’î et Az-Zahiri, il était profondément préoccupé par l’extrême élasticité déployée par de nombreux fuqaha de son temps, qui utilisèrent leur discrétion pour réinterpréter les doctrines du Qorʾān et des ahadith pour répondre aux exigences des califes et des riches[4]. Ibn Hanbal prônait le retour à l’interprétation littérale du Coran et des Hadiths. Influencé par les débats de son temps, il était connu pour rejeter les décisions religieuses (Ijtihad) du consensus des fuqaha de son temps, qu’il considérait comme une théologie spéculative (Kalâm). Il les associa aux mu’tazila qu’il méprisait. Ibn Hanbal était également hostile aux principes discrétionnaires de la jurisprudence (Usul al-Fiqh), défendus principalement par les gens de la raison (en), établis par Abû Hanîfa, bien qu’il ait adopté la méthode d’Ash-Shâfi’î dans l’Usul al-Fiqh. Il a lié ces principes discrétionnaires au kalam. Son principe directeur était que le Qorʾān et la Sunna sont les seules sources appropriées de la jurisprudence islamique, qu’ils ont une autorité égale et qu’ils doivent être interprétés littéralement conformément au credo athariste. Il croyait aussi qu’il ne pouvait y avoir de véritable consensus (Ijmâ’) entre les juristes (Moujtahidoune) de son temps[4] et préférait le consensus des compagnons de Muhammad (Sahaba) et des hadiths plus faibles. L’imam Ahmad a lui-même compilé le Musnad, un texte avec plus de 30.000 dires, actions et coutumes de Muhammad[5].
Ibn Hanbal n’a jamais composé une théorie juridique systématique réelle de lui même, bien que ses disciples ont établi une méthode systémique après sa mort[6]. Une grande partie du travail de préservation de l’école basé sur la méthode d’Ibn Hanbal a été établie par son élève Abu Bakr Al-Khallal (en); sa documentation sur les points de vue du fondateur a finalement atteint les vingt volumes[7]. La copie originale de l’œuvre, qui était contenue dans la Maison de la sagesse, a été brûlée avec beaucoup d’autres œuvres littéraires lorsque l’armée d’Houlagou Khan assiégea Bagdad en 656 AH / 1258. Le livre n’a été conservé que sous une forme résumée par le faqih hanbalite al-Khiraqi, qui avait accès à des copies écrites du livre d’al-Khallal avant le siège[7].
Les relations avec le califat abbasside étaient difficiles pour les hanbalites. Sous la direction de l’érudit hanbalite Al-Hasan ibn ‘Ali al-Barbahari (en), l’école formait souvent des foules de partisans à Bagdad au IVe / Xe siècle qui s’engageaient dans la violence contre d’autres sunnites soupçonnés de commettre des péchés ainsi que contre tous les chiites[8]. Pendant qu’al-Barbahari dirigeait l’école de Bagdad, des boutiques ont été pillées[9], des femmes artistes ont été attaquées dans les rues[9], les doléances populaires parmi les classes inférieures ont été instrumentalisées comme source de mobilisation[10] et le chaos public généralisé s’est ensuivi[11]. Leurs efforts causeront leur propre perte en 323 AH / 935, quand une série d’invasions de domicile et d’émeutes de la part des partisans d’al-Barbahari en plus de points de vue perçus comme déviants conduisirent le calife Ar-Radi à condamner publiquement le madhhab dans son ensemble et à mettre fin à son patronage officiel par les organismes religieux de l’État[11]. Lorsque les Abbassides créèrent la Haute Cour de justice, ils en exclurent ainsi systématiquement les juges hanbalites, ne laissant que ceux des trois autres madahib[12]. »

Nous savons que Djamalilail, nouveau Mufti, est Wahhabite. Mais venir nous imposer Ahmad Ibn Hambal comme référence dans la doctrine religieuse dans notre pays alors que notre pays a légiféré et se déclare chafiite, nous paraît très grave. Même sous l’empire Abbasside, il y a plus de mille ans, les juges Hanbalites étaient exclus de la haute cour de justice de Bagdad. Aujourd’hui, le ministre de la justice, comme le nouveau Mufti, sont Wahabites et donc Habalites. Entre l’argent des Saoudiens Wahabites et la loi comorienne, le Mufti a fait son choix. Installer doucement mais sûrement le wahhabisme aux Comores à marche forcée avec des pétrodollars. A travers les Comores économiquement faible et fragile, c’est toute la région de l’océan indien qui risque d’être déstabilisée par le wahhabisme. Les salafistes Shebab en Somalie, puis au Kenya, aujourd’hui au nord du Mozambique, demain ce sera le tour des comores? Que dieu préserve notre petit pays contre la philosophie wahhabite et le salafisme. Chez nous, hélas, Hanbal est désormais devenu la référence idéologique dans le discours du Mufti, alors que notre pays a toujours été chafiite et le soufisme a toujours rythmé la vie socio-religieuse de l’archipel depuis mille ans. Les pétrodollars réussiront-ils à déraciner la culture soufi des Comores? Seul l’avenir nous le dira mais dans la misère économique dans laquelle les comores sont plongées, tout risque d’arriver.

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