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Les comités villageois de lutte contre la délinquance à Ndzuani : entre succès et controverses

Les comités de lutte contre la délinquance font de plus en plus parler d’eux à Ndzuani, une des trois îles qui composent l’archipel des Comores. Ces organisations communautaires, dirigées par les habitants, ont pour mission de traquer les actes et comportements qui pourraient semer le désordre dans la société ou faire basculer les jeunes dans la débauche.

Si la notion de « délinquance » peut varier d’une commune à l’autre, la plupart des comités de lutte contre la délinquance s’accordent sur plusieurs points communs, tels que l’ivresse en public, le trafic de stupéfiants, l’excès de vitesse, ou encore l’utilisation du téléphone mobile dans les établissements scolaires.

Chaque village, via son comité de veille, peut aller encore plus loin en matière de fermeté dans l’application des règles édictées. Ainsi, dans l’une des sept localités de la commune de Sima, les jeunes filles n’ont pas le droit de circuler avec des téléphones mobiles. Et chaque matin, les membres du comité s’assurent que les enfants sont bien partis à l’école ou aux madrasas.

Cependant, certaines voix se sont élevées pour dénoncer certaines dérives, telles que la création d’une « prison » à Kavani pour détenir provisoirement les contrevenants aux mesures édictées, ou encore une certaine entrave à la circulation des personnes le soir. En outre, contrairement à Mayotte où un baromètre est publié régulièrement par les autorités locales, la délinquance est difficilement quantifiable à Anjouan.

Pourtant, le phénomène croît de façon inquiétante, comme en témoigne l’histoire d’une habitante de Domoni qui a été victime de coupeurs de route sur la route menant à Bambao-mtsanga, alors qu’elle se rendait le soir à Mutsamudu en voiture avec quelques proches. Ce témoignage n’est malheureusement pas un cas isolé.

Les comités de lutte contre la délinquance sont donc un phénomène à la mode à Ndzuani, mais leur efficacité et leur impact sur la société restent à démontrer. En attendant, il est important que les autorités locales veillent à ce que ces comités ne dépassent pas leurs prérogatives et respectent les droits et libertés des citoyens.

Soibah Said 

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