Dans une loi, il y a l’esprit, la lettre et la pratique
La Tournante est établie en Union des Comores par la constitution de 2001, qui est le fruit d’âpres négociations pour pouvoir convaincre et ramener Anjouan au sein de la République des Comores. Dans son article 13, cette constitution stipule : « La Présidence est tournante entre les îles. Le Président et les Vice-Présidents sont élus ensemble au suffrage universel direct majoritaire à un tour pour un mandat de cinq (5) ans renouvelable dans le respect de la tournante entre les îles. Une élection primaire est organisée dans l’île à laquelle échoit la présidence et seuls les trois candidats ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages exprimés peuvent se présenter à l’élection présidentielle…». Toute lecture superficielle s’accordera à dire alors que tout comorien pourrait se présenter partout où est organisée l’élection primaire ; puisque la lettre de la loi fondamentale ne l’a pas empêché, et comme si cette même loi l’a autorisée. Rappelons qu’une loi est conçue à partir d’un esprit, transcrite par la lettre et appliquée par la pratique. Pour casser des cloisons déjà affermis, certains ne verront que la lettre et feront exprès de n’observer ni l’esprit et encore moins la pratique de la Constitution Comorienne.
L’esprit de la loi fondamentale
Ce texte constitutionnel est venu sacraliser un modèle de gouvernance qui était déjà mis en pratique à Anjouan depuis 1999. Chaque île aura alors une autonomie large ; Un président élu ; Une Assemblée ; Un budget et une administration. Un Président de l’Union viendra juste chapeauter ce système d’Etat Décentralisé et aider à apaiser les ardeurs et les méfiances. Chaque île devrait s’assurer d’avoir à Présider l’Union tour à tour. Les Grands comoriens étaient avantagés par le nombre de la population de l’île. Ce qui rendait facile leur élection à la magistrature suprême. Ajouanais et Mohéliens voudraient par ce système de rotation, limiter l’appétit de pouvoir des Grand-comoriens. La Tournante est ainsi instituée. Ceci étant l’esprit du législateur.
La pratique de de la loi fondamentale
En 2002 Ngazidja devrait présider l’Union et la compétition était rude. Des tickets se sont formés avec des grand-comoriens et rien que des Wangazidja en tête de liste. Quand Feu le Colonel Mradabi et le prince Said Ali Kemal ont boudé les urnes, le Colonel Azali Assoumani fut élu 1erPrésident de l’Union des Comores. Se trouvant affectionné par des dossiers initiés et non déclenchés après les 4 années, il serait tenté de continuer et ainsi tordre le coup à cette constitution, mais compte tenu de la pression sociale et de son entendement, il abdiqua et laissa la compétition aux anjouanais. Il aurait voulu qu’Ibrahim Halidi soit élu. Il a tout fait avec son gouvernement pour cela. C’est plutôt Ahmed Abdallah Mohamed Sambi qui est devenu par un raz de marée le 2ème Président de l’Union des Comores en 2006. Ce dernier en exercice, n’a pas caché son ambition de prolonger indéfiniment son mandat. Les plusieurs tentatives dont la révision de la constitution, la mise en place du Congrès d’élus, l’arrivée de militaires libyens…, n’ont pas pu résister à la pression populaire. Il a pu tout de même rallonger d’un an son mandat qui était initialisé au départ à 4 ans. M. Sambi aurait-il pensé à se présenter à l’élection primaire de Mohéli ? Ce n’était même pas imaginable. Il ne lui restait que de choisir un candidat mohélien à son image pour assurer le relais. Mohéli a eu une élection primaire en dents de scies avec 10 candidats mohéliens ; rien que des mohéliens. Au grand dam de Mohamed Saïd Fazul, Ikililou Dhoinine, fut élu 3ème président de l’Union des Comores en 2011. Ceci étant la pratique du texte constitutionnel.
L’élection de 2016 n’est pas ouverte aux Comoriens d’Anjouan
Ainsi, Monsieur Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et eu égard à tout ce qui précède, ne peut pas se présenter candidat à la présidence de l’Union des Comores de l’année 2016. Un comorien d’Anjouan ne peut pas rentrer en compétition dans une primaire des comoriens de Ngazidja si la Cour Constitutionnelle n’accorde pas le tour aux Comoriens de Mayotte.
Si ce n’est pas par mésestime à ses confrères de Ngazidja du même parti Juwa qu’ils viennent d’inaugurer le 30 octobre dernier, M. Ahmed Abdallah Sambi comme tout autre politique qui respecte les personnes et les lois, devrait se proposer candidat vice-président issu de l’île d’Anjouan auprès d’un candidat Président issu de l’île de Ngazidja en 2016 et attendre l’an 2021 pour se présenter comme candidat président de l’Union des Comores.
Saïd MZE DAFINE, Commissaire chargé de la Communication de la CENI
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