
Maloudja, 50 ans d’indépendance, une claque politique. C’est dans une ambiance festive que les Comores célébraient le jubilé de leur indépendance à Maloudja. Mais au cœur des festivités, une scène inattendue est venue rappeler à certains que la légitimité populaire ne se décrète pas : elle se mérite.
Lorsque Nour El Fathou Azali, fils du président Azali Assoumani et député élu à 85 % dans une circonscription du Hambou – un score largement contesté à l’époque par l’opposition – monte sur scène pour adresser quelques mots à la jeunesse, c’est un autre concert qui commence. Pas celui de la fête, mais celui des huées.
À peine a-t-il eu le temps de lâcher une phrase :
« Trois secondes s’il vous plaît, on vous a compris. Le renouveau, c’est la jeunesse… », que la foule lui coupe la parole dans une cacophonie d’opposition. Des cris, des sifflets, des « va-t-en ! » qui ne laissent aucune place au doute : le public, massivement jeune, ne voulait pas entendre le fils du président. Un désaveu cinglant, capté en vidéo et désormais viral sur les réseaux sociaux. Elle est notamment disponible sur la page YouTube de Comoresinfos.
Le jeune député, habitué à une communication travaillée avec ses conseillers, a vu son image publique s’effondrer en quelques secondes. Loin des mises en scène protocolaires, c’est une réalité brute qui lui a été renvoyée : celle d’une jeunesse comorienne qui ne se reconnaît ni dans lui, ni dans le pouvoir qu’il incarne.
Ce qui frappe, c’est l’ampleur du rejet. Car les milliers de jeunes présents ne venaient pas des rangs du parti au pouvoir, la CRC. Il ne s’agissait donc pas d’un public acquis à sa cause. Et la tentative de faire croire que le message présidentiel était aussi celui de la jeunesse s’est effondrée comme un château de cartes.
Plusieurs observateurs redoutent déjà les conséquences de cet affront. Certains évoquent une probable mobilisation future de jeunes partisans “triés sur le volet” pour tenter de redorer l’image du fils Azali lors d’événements à venir. D’autres vont plus loin, en estimant que le concert des 51 ans pourrait tout simplement être annulé, en représailles contre ceux qui ont humilié le « dauphin » autoproclamé du régime.
Ce qui s’est passé à Maloudja n’est pas qu’un incident anecdotique. C’est un symptôme. Celui d’une rupture entre une classe politique héritière du pouvoir par le sang ou les urnes contestées, et une jeunesse avide de changement, de justice et de crédibilité.
Nour El Fathou Azali a voulu prononcer un discours sur le renouveau. Mais le message a été inversé : le vrai renouveau ne viendra pas d’un nom de famille, mais d’une jeunesse en éveil, debout, et désormais sans peur.
Misbah Said
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