Le debaa, une pratique culturelle profondément enracinée à Mayotte, soulève une question intéressante sur ses origines. Ce mélange unique de chant et de danse, réservé exclusivement aux femmes, est un symbole de l’identité mahoraise, mais ses racines puisent également dans l’histoire et la culture d’Anjouan, une île voisine de l’archipel des Comores.
Historiquement, le debaa s’est développé à Mayotte dans les années 1920-1930. Initialement, cette tradition était liée à la confrérie soufie Rifâ’iyya, originaire d’Anjouan. Introduit par un foundi (professeur d’école coranique) venu d’Anjouan, le debaa était à ses débuts une pratique exclusivement masculine et de nature religieuse, avant de s’ouvrir et de se consacrer aux femmes mahoraise.
Cette transmission culturelle a permis au debaa de s’épanouir à Mayotte, tout en conservant des éléments de son héritage anjouanais. Les chants psalmodiés en langue arabe, basés sur des poèmes mystiques (qasîda), sont une caractéristique clé du debaa, témoignant de sa profondeur spirituelle et culturelle. Les femmes, à travers leurs performances, célèbrent des événements communautaires et religieux, tels que les mariages, les fêtes de village, ou encore l’Aïd El-Fitr.
Le debaa à Mayotte est aussi un espace de compétition et d’expression de l’identité féminine, où les pratiquantes rivalisent d’élégance et de talent. Ces compétitions inter-villageoises sont des moments forts, révélant l’art du debaa sous ses plus beaux jours.
Ce riche héritage culturel, partagé entre Mayotte et Anjouan, soulève donc une question fascinante : le debaa est-il un patrimoine exclusivement mahorais ou un héritage culturel anjouanais ? La réponse réside peut-être dans la beauté de cette tradition, qui transcende les frontières et célèbre un métissage culturel unique au sein de l’archipel des Comores.
ANTUF Chaharane
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