Le chef de sécurité du gouverneur d’Anjouan en route vers un garde à vue

Le chef de la sécurité du gouverneur d’Anjouan est en audition à la gendarmerie de l’île dans le cadre de l’enquête sur la tentative d’assassinat contre le vice-président Moustadroine. Il se trouve devant une commission rogatoire. Tous les gardes de Salami passeront par là.
Les autorités judiciaires s’échinent sur l’affaire dite de tentative d’assassinat contre le vice-président Moustadroine de la nuit du samedi à dimanche 22 juin dernier à Anjouan. À peine trois mois d’enquête, aucun indice n’implique le gouverneur d’Anjouan Abdou Salami Abdou. Et pourtant, toute l’opinion nationale et internationale est convaincue qu’il est la cible de cette affaire qui n’est entourée que de mystères, mais aussi de mystérieux. 
Il y a seulement quelques jours, une commission rogatoire est mise en place pour ainsi reprendre le flambeau au parquet de la république d’Anjouan, qui était sur le point de boucler l’enquête et dissoudre la commission après la fin de leur mission. Moroni a opposé son véto: pas question d’abandonner l’affaire avant que le gibier, entendez par là Salami, ne soit sous les sangles métalliques. Comment faire pour y parvenir alors que les deux proches du gouverneur arrêtés n’ont rien dit de compromettant aux enquêteurs ? 
Le chef de sécurité de l’homme fort d’Anjouan doit être utilisé comme fusible. Bimbo, puisqu’il s’agit de lui, est connu pour sa proximité avec le pouvoir central. Il était le chef de sécurité adjoint de l’ancien gouverneur Anissi Chamsidine, aujourd’hui à couteaux tirés avec son successeur. Bimbo profite de son statut au sein de la sécurité de Salami pour livrer des informations concernant ce dernier aux autorités centrales. Pas la peine de rappeler qu’entre Salami et Azali c’est comme on dit chez nous l’eau et le feu. 
Bimbo, encore lui, communique régulièrement avec la femme d’Azali, Ambari. Si vous connaissez Mtihani, le confident de la première dame, vous en saurez beaucoup plus que nous ne pouvons tout dire ici. Bimbo est loin d’être l’homme de confiance de Salami. Celui-ci n’a pas tardé à démasquer celui qui est sensé être son coffre fort à confidences. Il fait fuir toutes les informations. Les personnes que Salami contacte au téléphone, celles à qui il rend visite ou qui lui rend visite. Il ne néglige rien, Bimbo. 
Son jeu de délateur démasqué, Salami a redoublé la prudence. Sachant que toutes les personnes qu’il contacte pourraient être inquiétées par les autorités (Euh oui Azali a cette élégance de faire arrêter ceux qui côtoient ses ennemis politiques, enfant, femme et personne âgée. C’est ce qu’on appelle « délit de l’Emergence » et il est sévèrement puni). 
La commission rogatoire conduite par le commandant Takfina, chargé de faire le sale boulot, a demandé à entendre tous les agents de sécurité de Salami, dont Bimbo en tête. Il ne serait pas étonnant que Bimbo raconte des histoires inventées de toutes pièces dans le seul but d’impliquer Salami, selon un haut gradé de l’armée d’origine anjouanais et qui attend de se faire arrêter (la purge au sein de l’armée vise essentiellement les Anjouanais). 
Soit dit en passant, le commandant Takfine est l’homme de main  de Moustadroine. Un proche du chef de sécurité de Moustadroine, Hachim, parle de 20 millions donnés à ce commandant qui a été tombé en disgrâce dans ce régime avent d’être réaménagé par Moustadroine. 
En revenant sur la tentative d’assassinat, il est difficile de croire les faits. Comment peut-on croire que le véhicule du VP est criblé de 18 balles de Kalachnikov sans qu’il ne soit explosé, et sans qu’il n’y ait aucun blessé ? Et pas que. Les autorités n’ont jamais daigné montrer une image de l’épave. Mais passons. 
L’arrestation de Salami, sans pour autant verser dans l’impunité laquelle nous devons combattre, comporte deux risques majeurs. D’un côté, ça créera la frustration au sein des Anjouanais qui en ont déjà assez avec la mise en trou de Sambi avant même la fin du procès, analyse le haut gradé. Et cette frustration pourra se manifester de manière violente d’un jour à l’autre sachant que Salami est le seul leader à réussir à maîtriser les ardeurs de la communauté des brouettes. L’autre risque est que l’arrestation de Salami mettra sérieusement à mal le dialogue inter-comorien en cours. En effet, celui-ci préconise l’apaisement. En d’autres termes, la fin de l’acharnement masquée par une justice expéditive et notoirement partiale. 
Mais qu’à cela ne tienne. En moins de temps qu’il n’eut fallu pour que les protagonistes se mettent d’accord sur ces principes, le ministre de l’intérieur a menacé de faire arrêter les membres de l’opposition, dont un député dès que la délégation de l’union africaine aura quitté le territoire. Cela dit, l’opposition a encore loin de la coupe aux lèvres car le gouvernement n’est pas encore prêt à déposer les armes, surtout à l’approche des élections auxquelles le plus impopulaire Azali comote se présenter sans adversaire de poids.
M.Djoumbé, Moroni