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La mort d’une étudiante violée en Inde provoque un examen de conscience en Afrique du Sud

D'après les statistiques officielles, près de 65 000 agressions sexuelles ont été commises en Afrique du Sud l'an dernier, mais la police estime que seulement un viol sur 36 est rapporté aux autorités.

La mort d’une étudiante indienne victime d’un viol collectif, et l’élan de colère qui a suivi, ont provoqué un examen de conscience jusqu’en Afrique du Sud, un pays où le nombre de violences sexuelles est parmi les plus élevés au monde. « Ici, les violeurs attaquent tout le monde – des bébés jusqu’au grands-mères – et nous restons assis à ne rien faire », a déploré l’éditorialiste Pinky Khoabane. « Que les hommes bons se manifestent », a-t-elle ajouté.

D’après les statistiques officielles, près de 65 000 agressions sexuelles ont été commises en Afrique du Sud l’an dernier, mais la police estime que seulement un viol sur 36 est rapporté aux autorités. Et selon le Centre international de recherche sur la femme, basé à Washington, environ 28 % des hommes ont déjà commis un viol. Si l’on se base sur ces chiffres, cela signifie que 2,3 millions de personnes sur une population de 50 millions ont pu être agressées sexuellement l’année dernière.

L’Afrique du Sud semble s’habituer à ces niveaux de violence, qui seraient jugés intolérables ailleurs. En novembre, six garçons âgés de 10 à 14 ans ont été inculpés pour le viol et le meurtre de trois autres enfants, mais l’affaire a été peu évoquée par les médias. Exceptions notables : le procès pour viol du président Jacob Zuma en 2006 – pour lequel il a été acquitté – et le viol en réunion filmé d’une adolescente de 17 ans handicapée mentale qui ont soulevé l’indignation et provoqué un débat national.

Selon des experts, l’inaction face à ces violences est largement due au fait que la plupart des victimes – presque 89 % – sont de jeunes femmes, noires et pauvres. 58 % sont sans emploi et 15 % ont moins de onze ans, selon des chiffres parus dans la revue Crime Quaterly.

Dans un débat animé sur Twitter samedi, Zwelinzima Vavi, secrétaire général du syndicat COSATU – proche de l’ANC au pouvoir– a nié l’existence d’un lien entre pauvreté ou apartheid et violence sexuelle. « Personne ne peut me dire que le viol d’un bébé de trois mois ou d’une grand-mère de 87 ans ou incendier un bibliothèque ou vandaliser une école est causé par la pauvreté », a-t-il écrit. « La pauvreté ne peut pas provoquer une érection à la vue d’une femme de 90 ans ou d’un bébé de trois mois », a-t-il ajouté. « Oui, l’apartheid a humilié et déshumanisé (…) mais son existence dans le passé n’est pas une excuse pour la dégénérescence des valeurs morales aujourd’hui. »

 

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