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La Banque Centrale en Opération Communication Dans les Îles.

Ce mardi 1er juin, le gouverneur de la Banque Centrale des Comores(BCC) Dr Younoussa Imani a tenu une conférence de presse les médias à Moheli. En tournée dans les îles, il a fait escale dans l’île de Djumbe Fatima pour une exposition de la situation bancaire de l’île et faire un état de lieu sur l’économie du pays. Présente à Moheli depuis 2004, la BCC continue son opération d’implantation et compte mettre à niveau le paysage bancaire en la remmenant au même niveau que les autres îles. Chaque année l’agence locale de la BCC fait un retrait de 6 milliards pour un versement de 5 milliards. Dotée de quatre banques et autres institutions financières (BDC, BFC, Meck, Sanduk), le gouverneur espère que dans les prochains mois d’autres banques de la place iront s’implanter dans l’île pour simplifier et diversifier l’offre. Cela permettra de stimuler le taux de bancarisation qui est actuellement de 22% au niveau national, un pourcentage qui demeure très faible au vu de la moyenne africaine qui est de 29%. Pour se faire le régulateur espère augmenter le financement bancaire (crédits) de l’économie. Situé aux alentours de 19,4% du PIB, il reste très en deçà des 7% de croissance nécessaire pour atteindre les objectifs que l’Etat s’est fixé. A savoir faire des Comores un pays émergent et, se classer parmi les pays à revenus intermédiaires dans la tranche supérieure. 300 milliards de crédit à l’économie (annuel) seront nécessaire pour parvenir à un tel plafond de croissance. Actuellement réticent à tout prêt, les banque devront s’ouvrir un peu plus au secteur privé, levier important pour tout développement économique a soutenu le gouverneur. Pour cela, la BCC va mettre en place un fond de garantie au bénéfice des banques pour minimiser les risques en cas de non remboursement par les débiteurs. Cela permettra aussi aux banques de prêter à des taux plus bas que ce qui se fait actuellement. Le gouverneur dans sa politique de stimulation, compte sur la diversification et la modernisation des moyens de payement, pour sécuriser la circulation monétaire. Les virements, payement par chèque ou le money banking doivent être des outils accessibles à tout les comoriens. Difficile à croire, quand on sait que le dernier cité a du mal à faire ses preuves depuis son lancement en 2019(M’vola, Wari, Holo). Avec le service M’vola, qui est plus ou moins implanté, aucune transaction n’a été faite ni avec les institutions de micro finances ni l’administration publique n’en parlons pas entre personne physique et une entreprise. Seuls les transferts entre personnes a à peine marché avec 73 millions d’échanges (sources : Rapport annuel BCC 2019). L’inclusion financière clamée par le régulateur est l’une des solutions pour relancer l’activité économique stoppée nette ces 2 dernières années par des facteurs exogènes(Kenneth, Covid). Nous allons passer de 3,8% de croissance en 2018 à 0,9% cette année si les perspectives économiques de la BCC se confirment. Soit une perte de presque 3% de croissance.


Comment relancer une activité saine quand on sait que le secteur bancaire est en perpétuel reconstruction. En effet, depuis le 1er juin 2020 deux des plus importantes banques du pays (BDC, BFC) sont sous régime d’administration provisoire. De 6 mois au départ, elle a été rallongée de 6 autres mois sans qu’aucune perspective de sortie de crise ne soit en vue. Si l’Etat a récemment racheté les parts détenus par Duval et l’autre partenaire historique(BEI) à la BDC. Par contre rien n’a filtré quant à l’état de santé réel de ces deux banques ni sur des futurs repreneurs dans la mesure où l’Etat n’aurait pas l’intention de gérer la banque selon le gouverneur. Du côté de la BFC, c’est silence Radio malgré nos nombreuses sollicitations pour une audience auprès l’administrateur. Une situation qui peut s’expliquer par les péripéties judiciaires de l’unique actionnaire de la banque, le Sheikh Sabah Jaber Moubarak Al Sabah. Ce dernier est englué dans le scandale 1MDB, du nom du fond souverain Malaisien où il est soupçonné d’avoir participer à une opération de blanchiment via des opérations offshore. À en croire le gouverneur, si reprise de ces deux banques il y’en a, elle ne pourra se faire avant décembre 2021. Autant dire, du retard pris sur les perspectives de croissance envisagées par le gouvernement. Quel investisseur sérieux pourra venir dans un pays où le secteur bancaire joue le yoyo. Ce n’est pas la stabilité monétaire ni le récent reclassement du pays en zone normale*, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme qui fera venir les investisseurs. Certes, ça restent des indicateurs bonifiants mais, sans réelle politique bancaire, on aura beau faire les yeux doux personne ne s’aventurera sur ce capharnaüm où aucune garantie ne lui sera assurée quant à ses investissements.

*Les Comores étaient jusqu’à récemment un pays à risque.

Ahmed Saïd Badraoui

HaYba FM la Radio Moronienne du Monde

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