John Baloz : mais où est t’il passé ?

 

2023 a été une année marquée par l’émergence puis la disparition inquiétante de John Baloz, de son vrai nom Saïd Ali ibouroi, figure montante du militantisme aux Comores. Révélé au grand public par ses interventions virulentes sur les réseaux sociaux, John Baloz s’est rapidement imposé comme une voix critique du régime en place, dénonçant les injustices politiques avec une audace qui lui a valu une notoriété nationale.

Sa candidature annoncée pour l’élection présidentielle avait, au départ, été accueillie avec scepticisme. Cependant, contre toute attente, Baloz a franchi le pas en déposant sa candidature. Malheureusement, des obstacles financiers l’ont empêché de remplir toutes les conditions requises, mais loin de se décourager, il a choisi de soutenir Salim Issa, le candidat de l’union de l’opposition. Dans un contexte politique tendu, c’est Baloz qui a insufflé une nouvelle vie à cette campagne qui peinait à mobiliser les foules. Par son énergie et son engagement, il a su rallier la jeunesse et dynamiser les meetings de l’opposition.

Le jour du vote, alors qu’il dénonçait des fraudes électorales, Baloz a été arrêté sans motif officiel devant témoins, plongeant dans un silence forcé pendant près d’un mois. Sa détention, hors de tout cadre légal, a soulevé des interrogations sur les méthodes du pouvoir pour museler les voix dissidentes. Sa libération, survenue dans un calme relatif et sans charges officielles, a laissé un homme changé, prudent dans ses propos et désormais éloigné de la scène politique qu’il avait tant animée.

Cette transformation pose question : qu’a subi John Baloz pour que sa flamme militante semble ainsi éteinte ? Son silence soudain est-il le résultat de menaces, de pressions ou même de tortures durant sa détention ? L’absence de soutien officiel de la part du parti Juwa, qu’il avait pourtant ardemment défendu, souligne une possible rupture avec la classe politique.

John Baloz, cette étoile filante du militantisme comorien, semble aujourd’hui prendre du recul. Est-ce une stratégie pour revenir plus fort, ou a-t-il définitivement été brisé par les épreuves ? Sa prudence actuelle est-elle le signe d’une peur légitime face à un pouvoir qui ne tolère aucune contestation ? Autant de questions qui restent sans réponse, laissant planer le mystère sur l’avenir politique d’un homme qui avait, un instant, incarné l’espoir d’un changement aux Comores.

Saïd Hassan Oumouri