Interview de Yhoulam Athoumani, juriste et fondateur du parti Les Nouveaux Démocrates. Docteur en droit, il est auteur de l’ouvrage intitulé » le contentieux administratif en droit de l’Union des Comores ».
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’engager en politique et à créer le parti Les Nouveaux Démocrates ?
J’avoue qu’il y a plusieurs raisons qui m’ont poussé à m’engager en politique. Mais pour ne citer qu’une, je dirais que c’est la déliquescence du politique comorien qui a été à l’origine de mon engagement en politique. On observe chez nous que le politique comorien s’engage, non pas par idéologie, mais plutôt par opportunisme. Ce qui constitue un frein au développement de notre pays.
C’est la raison pour laquelle je me suis lancé à fonder le mouvement, Les Nouveaux Démocrates. Notre objectif est de proposer une nouvelle manière de faire de la politique – la politique autrement. Je vous invite à visiter notre site internet : lesnouveauxdemocratesdescomores.com
Envisages-tu de te présenter aux prochaines élections présidentielles ?
On se prépare effectivement. Vous savez, lorsqu’on s’engage en politique, c’est dans l’objectif de participer à la conquête du pouvoir. Vous comprenez donc qu’on se présentera aux prochaines élections présidentielles. Néanmoins, notre mouvement a émis des réserves. Car, il ne peut y avoir des élections présidentielles transparentes sans poser les bonnes conditions pouvant engendrer un traitement égalitaire au profit de tous les candidats. Or, à l’heure actuelle, il n’y a aucune garantie qui montre qu’il peut y avoir des élections transparentes : LA CENI, l’armée et la Cour suprême sont sous le contrôle d’Azali.
Si tu te présentais aux élections, quelles seraient les principales mesures que tu mettrais en place au cours de ta première année de mandat ?
En toute honnêteté, on commencera par mettre de l’ordre dans nos institutions. Ce ne sera pas facile mais, on se focalisera sur ça ; de l’ordre dans notre appareil judiciaire, de l’ordre dans la fonction publique de l’État, de l’ordre dans notre armée.
Et puis on mettra en place des mesures pour accompagner nos secteurs de la pêche et de l’agriculture. Pour nous, c’est fondamental.
Penses-tu que les conditions sont réunies pour assurer la transparence des élections à venir ?
Non, pas du tout. Prenons l’exemple de la CENI ; cette institution est composée de 13 membres. 5 membres désignés par Azali, 5 membres par l’Assemblée ( celle-ci est monocolore), 3 par les Gouverneurs. En réalité, ces 13 membres seront pro-Azali.
Que penses-tu du courrier envoyé par le Front Commun de l’Opposition au président de l’Union africaine concernant certaines conditions préalables à l’organisation des élections de 2024 ?
Sans prétention aucune de ma part, j’ai été parmi ceux qui ont initié cette idée. C’est donc une bonne chose. Et le président Azali doit donner une réponse favorable. L’avenir nous le dira.
Fais-tu partie du Front Commun de l’Opposition comorienne ?
Notre mouvement est proche de l’opposition, puisque nous dénonçons la politique menée par le régime actuel.
Quel est ton avis sur la nouvelle loi électorale interdisant aux binationaux de se présenter à l’élection présidentielle des Comores ?
C’est une loi liberticide, sans doute. Comment peut-on expliquer ça au monde entier que les Comores interdisent aux binationaux de participer aux élections présidentielles alors que cette diaspora comorienne, surtout celle de France, participe considérablement à l’économie des Comores. Et pas que ça. Au niveau du sport aussi.Et au lieu d’encourager cette diapora, Azali la rejette. C’est absurde.
Es-tu toi-même binational ?
Non.
Selon la constitution, la rotation s’appliquera en 2024 et concernera Anjouan. Le seul Grand Comorien autorisé à se présenter aux élections sera le président de la République. Est-ce que l’opposition a préparé des candidatures anjouanaises ?
Je ne crois pas que seul Azali pourrait se présenter. La tournante est renouvelable. Cela voudrait donc dire qu’en 2024, ce sera les candidats issus de NGAZIDJA qui vont pouvoir se présenter.
Pour reprendre les termes de notre Constitution, » chaque île, par le candidat élu, assure la présidente de l’Union pour un mandat de 5 ans, renouvelable une fois « .
Que penses-tu de l’affaire Ayman, qui a choqué le pays ? Selon toi, comment l’État aurait dû réagir ?
Mes pensées vont à sa famille. C’est triste.
Nos autorités auraient dû d’abord protéger la dignité du défunt. Aucun comorien ne mérite un tel traitement. Le seul responsable, dans cette affaire, c’est l’État comorien.
Comment lutter contre la culture de violence au sein des forces militaires et policières aux Comores ?
Il faut d’abord cesser de recruter n’importe qui. Il faut instaurer une politique stricte de recrutement, de moralité et de compétences.
Ensuite, une fois recrutés, les forces de l’ordre doivent suivre des formations continues, de droit, de moralité, d’éducation civique.
Nos forces de l’ordre doivent comprendre qu’ils sont là avant tout pour assurer l’ordre public et protéger les Comoriens, et non l’inverse.
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