Au cœur de Moroni, la capitale des Comores, une décision municipale prise durant le mois sacré du Ramadan a suscité une vive controverse parmi les commerçants locaux. Dans un effort de réorganisation urbaine, la mairie de Moroni a opté pour le déplacement des vendeuses de poisson du marché de Volo Volo vers un nouvel emplacement, spécifiquement aménagé à la place Kalaweni. Cette initiative, selon la municipalité, visait à améliorer les conditions de vente et l’hygiène sur le marché, tout en répondant à des impératifs d’ordre public.
Cependant, cette mesure n’a pas été accueillie de la même manière par tous. Un groupe de vendeuses, affectueusement surnommées « les mamans » en raison de leur âge avancé, a exprimé un profond mécontentement. Elles considèrent cette décision comme une injustice, arguant qu’elle entraîne une perte significative de leur clientèle habituelle, impactant directement leurs revenus.
La tension a atteint son apogée lorsque cinq de ces commerçantes comoriennes ont adressé des insultes au maire de Moroni, acte qui a conduit à une interdiction formelle de fréquenter leur lieu de travail habituel, le marché de Volo Volo. Cette sanction soulève des questions juridiques et éthiques importantes, incitant à s’interroger sur la limite entre la gestion municipale et l’abus de pouvoir.
Les réactions à cette affaire sont partagées, avec d’un côté un appel à la compréhension de la nécessité de réorganiser et d’assainir les espaces publics pour le bien de tous, et de l’autre, une critique de ce qui est perçu comme une approche punitive envers des commerçantes traditionnelles, dont la seule faute serait de défendre leur gagne-pain.
Ce cas de figure à Moroni souligne la complexité des interactions entre les autorités locales et les petits commerçants dans le cadre de la modernisation urbaine. Il met en lumière le besoin d’une approche plus inclusive et sensible aux réalités économiques des populations affectées. Alors que le débat juridique sur l’abus de pouvoir reste ouvert, la nécessité d’un dialogue constructif entre la mairie et les commerçants paraît plus pressante que jamais pour résoudre de manière équitable et durable les conflits engendrés par le réaménagement urbain.
ANTUF Chaharane
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