Dans un verdict qui a résonné bien au-delà des frontières de Mayotte, Salime Mdéré, premier vice-président du conseil départemental de l’île, a été condamné pour avoir tenu des propos incitant à la violence extrême. La déclaration de Mdéré, « il faut peut-être tuer » les délinquants et « terroristes », a soulevé une vague d’indignation et a mené à son jugement par le tribunal correctionnel de Saint-Denis de La Réunion le 7 mars.
Mdéré, une figure politique de divers droite à Mayotte, a été condamné à trois mois de prison avec sursis et à une amende de 10 000 euros. Ses propos, tenus lors d’une interview le 24 avril 2023, surviennent dans un contexte de violence croissante dans l’archipel, exacerbée par l’opération « Wuambushu », une initiative contre l’immigration illégale et les activités criminelles lancée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
La procureure adjointe de Saint-Denis de La Réunion, Lucile Regin, a interprété les paroles de Mdéré comme une « incitation à la haine en raison de leur origine » et une « provocation à la commission d’atteintes à la vie ». Pendant le procès, Mdéré s’est défendu en affirmant que ces paroles ne reflétaient pas ses véritables intentions et qu’elles étaient le produit de l’exaspération face à la situation sécuritaire à Mayotte.
La condamnation de Mdéré coïncide avec une période de tensions accrues à Mayotte, où des collectifs citoyens ont érigé des barrages pour protester contre l’immigration clandestine et l’insécurité. Le souhait exprimé par Gérald Darmanin de modifier la Constitution pour supprimer le droit du sol à Mayotte témoigne des défis complexes auxquels l’île est confrontée.
Cette affaire met en lumière les difficultés de gouvernance dans des régions confrontées à des défis sociaux et sécuritaires importants. La réaction de Mdéré, bien qu’extrême, souligne le désespoir et la frustration ressentis par de nombreux habitants de Mayotte. Cependant, son issue judiciaire rappelle l’importance du respect des principes de la démocratie et de l’État de droit, même dans les moments les plus troublés.
Saïd Hassan Oumouri
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