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Halte à la désacralisation de nos institutions

Je viens de parcourir un Communiqué du Secrétaire d’État chargé de l’intérim du Ministre des Affaires Étrangères. L’occasion m’est donnée pour évoquer un peu la question relative à  » l’intérim  » .

Il est vrai qu’aucun texte chez nous ne reglemente cette question . Mais il y a un minimum de bon sens à faire valoir . Dans le cadre d’une architecture gouvernementale d’influence française comme chez nous , il n’est pas concevable qu’un ministère régalien en général , celui des Affaires Etrangeres en particulier, se voit confier à un Secrétaire d’État pour assurer, non pas la suppléance , mais l’intérim du Ministre. Pire,l’auteur du communiqué n’a même pas pris la précaution de l’attribuer au Ministère des Affaires Étrangères mais au Secrétaire d’État en charge de l’intérim. En choisissant délibérément de confier l’intérim du ministre des Affaires Étrangères àune personne du bas de l’échelle de la hiérarchie gouvernementale comprenant des ministres d’Etat et un Ministre Premier , le Chef de l’Etat desacralise et décrédibilise nos institutions. Cela est inacceptable.
Comme il est également inacceptable qu’un ministre démissionnaire , pas n’importe lequel mais celui en charge du département régalien par excellence , ne soit pas remplacé presque trois semaines après sa démission. A moins que nous soyons en période d’exception , et même dans ce cas, il y a des dispositions à respecter . Le Chef de l’Etat a obligation d’incarner et de respecter le bon fonctionnement de nos institutions . Et ce que nous observons en ce moment s’écarte outrancierement d’un fonctionnement normal de celles-ci.
L’autre observation à relever dans cette affaire concerne la nécessité impérieuse d’une assistance administrative et juridique au côté du gouvernement. Ce devait être l’une des missions du Secrétariat Général du Gouvernement avec l’appui de la Cour Suprême officiant en qualité de Conseil d’Etat comme l’a recommandé la Constitution de 2001, du moins sa version canonique .
Les autorités qui nous gouvernent, et au premier chef, le Chef de l’État, doivent faire preuve de vigilance en ces questions de normalité institutionnelle sinon la jurisprudence de la rue s’en accapare et dans ce cas bonjour les dégâts .
Je vais terminer par cette petite note du passé : dans les années 83/84, une grogne sourde a eu lieu de la part du Premier Ministre, feu Ali Mroudjae, qui se voyait privé de la plénitude de l’exercice de sa fonction . Le journal Al- Watwan a obtenu un interview du feu Président Abdallah sur le sujet . Le Président Abdallah , dans une sortie sarcastique dont il a le secret , a répondu ainsi:
 » Il y a un premier ministre debout, un premier ministre assis et un premier couché « . Notre Ministre Premier et nos ministres sont-ils debout, assis ou couchés ? Allez savoir .

PS/ Je prie les camarades et amis opposés au regime de ne voir dans ce post que le seul aspect de critique au manquement en matière de respect de la normalité dans le fonctionnement des institutions. Je leur concède cependant que le ver est dans le fruit.

Aboudou Soefo

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