
Alors que les élections présidentielles aux Comores approchent à grands pas, une dualité frappante émerge au sein de la population. D’un côté, il y a ceux qui, à l’instar de Saïd Abdou, sont convaincus que les dés sont pipés d’avance. De l’autre, une minorité, représentée par des voix comme celle d’Ali Amir, insiste sur l’importance de se rendre aux urnes pour défendre la démocratie.
Selon les tendances en ligne, une grande partie des citoyens ne compte pas voter, découragée par une histoire de manipulations électorales et un mécontentement palpable envers le pouvoir en place. « C’est le gouvernement le plus détesté de l’histoire comorienne, » déclare Saïd Abdou, qui résume le sentiment d’une nation en crise profonde, la plus grave en décennies selon lui. Ali Abdou, 45 ans, acquiesce : « J’ai vu de mauvais dirigeants, mais le régime d’Azali les surpasse tous. » Face à une vie quotidienne devenue insupportable — cherté de la vie, manque d’eau et d’électricité — et des instances dirigeantes aux actions arbitraires, beaucoup se sentent impuissants.
Ce sentiment d’impuissance s’est renforcé suite au référendum constitutionnel de 2018, perçu comme frauduleux, et les élections de 2019. « Pourquoi voter si nos voix ne sont pas prises en compte? », est le cri silencieux qui résonne dans les esprits.
Cependant, des voix dissidentes comme celle d’Ali Amir insistent sur le danger d’un tel fatalisme. « Nous ne pouvons pas permettre que le peuple déserte les urnes. Cela donnerait carte blanche à Azali pour un autre mandat de cinq ans sans opposition ni contestation, » avertit-il. Selon lui, l’abstention ne ferait que légitimer un régime frauduleux aux yeux de la communauté internationale. « La seule stratégie viable est de voter et de contester vigoureusement toute irrégularité », conclut-il.
Bien que minoritaires, les personnes partageant l’opinion d’Ali Amir tentent de galvaniser leurs compatriotes à prendre une position active dans ce moment critique de l’histoire nationale. Leur message est clair : l’abstention n’est pas une option si l’on aspire à un changement authentique.
Il reste à voir si cette minorité parviendra à faire basculer la balance et à insuffler un nouvel espoir dans une population désabusée, ou si le fatalisme continuera à régner, condamnant les Comores à un autre mandat sous le joug d’un pouvoir contesté.
ANTUF Chaharane
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