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Farahate Ousseine, présidente du Modec : «Une femme doit faire doublement ses preuves et elles le font»

Farahate

 

Exclusivité. «Autonomisation de la femme». Tel est le thème retenu cette année à l’occasion de la célébration de la journée de la femme, le 8 mars. Nous avons interrogé la présidente du Mouvement des entreprises comoriennes (Modec), Farahate Ousseine, sur la place de la femme dans le secteur de l’entreprenariat.

Vous êtes à la tête d’une puissante organisation (le Modec), quel regard portez-vous sur l’autonomisation des femmes ?

aimerais bien que les femmes soient beaucoup plus autonomes que cela. Mais les femmes avancent, elles prennent de plus en plus de places dans les affaires. Comme dans le monde entier, les femmes ont ici moins de chance que les hommes, mais on essaie de faire mieux. Je suis satisfaite des femmes qui sont dans les affaires ; elles ont plus de difficultés que les hommes, parce qu’on ne demande pas de comptes à ces derniers ; ce qui n’est pas le cas pour les femmes. Une femme doit faire doublement ses preuves et elles le font.

L’association des femmes entrepreneurs n’arrête pas de dénoncer les difficultés d’obtenir du crédit. Comment expliquez-vous cet handicap ?

C’est un handicap général. Au Modec, on dénonce ce manque de financement depuis plusieurs années. Que ce soit pour les femmes ou les hommes, c’est la même difficulté.

Le Modec est l’association du patronat. Quelle est la place des femmes dans cette institution et quel rôle jouent-elles ?

Les femmes ont la même place que les hommes, sinon plus, parce que je suis à la tête du patronat. Il y a beaucoup de femmes dans mon équipe, dans la direction exécutive et des femmes entrepreneurs. On accueille en même temps des femmes qui ont adhéré en tant qu’entreprise au Modec et l’Efoicom y a adhéré en tant que structure. Bref, les femmes sont bien représentées au niveau du Modec, même si ce n’est pas à 50/50 car il n’y a pas assez de femmes entrepreneurs. Elles sont représentées à hauteur de 20%

Vous êtes membre de la structure nationale de passation des marchés. Est-ce que vous constatez une discrimination vis-à-vis des femmes ?

Non, il n’ya pas de discrimination vis-à-vis des femmes. Je suis la vice-présidente du conseil de régulation des marchés publics, la permanente est une femme, et dans le conseil, on est cinq femmes sur douze membres, donc on ne peut pas parler de discrimination.

La grande majorité des femmes travaillent dans le secteur agricole. Pensez-vous qu’elles bénéficient du strict nécessaire pour assurer leur autonomisation ?

Elles ne bénéficient pas du strict nécessaire. Le secteur agricole est un secteur très difficile ; elles ont besoin d’outils de gestion et elles ne sont pas tout à fait autonomes. Elles sont autonomes dans la culture, mais pour faire prospérer leurs entreprises elles ne le sont pas encore. J’espère que la chambre d’agriculture va les aider à gagner en autonomie. Je demanderais aux femmes d’être patientes et surtout d’améliorer la gestion de leurs activités, bien que ce ne soit pas facile pour elles parce que beaucoup n’ont pas été à l’école et celles qui l’ont été n’ont pas forcément le temps de gérer la société. Il faut qu’elles s’entourent de gens ou intègrent des structures comme la chambre de commerce, l’Efoicom ou même le Modec.

En tant que responsable financier de l’Egt, est-ce qu’il y a eu des difficultés particulières de leadership ?

Non, j’essaie de me faire respecter autant que possible, je n’ai pas de souci avec la direction. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup de femmes ici, mais il y a plusieurs hommes et je pense que les hommes me respectent car je fais très bien mon travail.

D’après votre expérience, quel conseil, donneriez-vous aux femmes ?

(Rires) On me pose souvent cette question… S’organiser. Une femme a beaucoup de tâches, à la fois familiales et sociales. Il faut donc qu’elles sachent s’organiser. Que le travail n’empiète pas sur la vie familiale et vice versa. Qu’il y ait un juste équilibre.

Un message ?

Il faut être fière d’être une femme, ne jamais se décourager en se disant que si j’avais été un homme, j’aurais eu cela. Les femmes doivent être fières tout en ayant dans la tête qu’on leur demandera beaucoup plus qu’aux hommes. C’est toujours comme ça, peut être qu’un jour cela changera. Mais il faut qu’elles continuent à être courageuses et volontaires. C’est comme cela qu’on y arrivera.

 

Alwatwan

Abouhariat Said Abdallah

 

 

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