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Engagement politique et décisions controversées : interview d’Ahmed Hachim Said Hassane

Ahmed Hachim Said Hassane, un ancien opposant du régime du président Azali Assoumani, est connu pour son combat contre le non-respect des droits fondamentaux, ce qui lui a valu d’être arrêté plusieurs fois. Il a récemment accordé sa première interview depuis sa déclaration le 29 janvier, dans laquelle il a annoncé qu’il rejoignait le régime actuel, à Comoresinfos.

 

Pourquoi avez-vous choisi de quitter le parti Juwa pour rejoindre la mouvance présidentielle, sachant que le public vous connaît pour votre engagement politique et vos arrestations par les gendarmes du régime d’Azali ?

 

C’est une décision mûrement réfléchie durant plusieurs mois. Nous avons milité au sein de l’opposition durant plusieurs années, notamment au sein du Juwa, mais malheureusement nous n’avons aucune ligne directrice, aucun programme et aucune stratégie au-delà du « AZALI NALAWE ». Avec ce constat, nous ne pouvions pas continuer à militer béatement. Aujourd’hui la seule alternative qui se présente au pays c’est avec Azali alors autant le rejoindre pour essayer d’apporter notre pierre à l’édifice. Ce pays a besoin de l’ensemble de ses enfants pour bâtir un avenir meilleur pour nous, nos enfants et petits enfants.

 

En tant que ancien jeune cadre du parti juwa , pouvez-vous me faire part des éléments qui ont influencé votre choix depuis 2016 jusqu’à aujourd’hui ? Certains allèguent que votre décision est motivée uniquement par des problèmes financiers liés à vos affaires commerciales, comment répondez-vous à cela ?

 

Une petite précision. Je n’étais pas un cadre du parti juwa mais plutôt un fidèle sympathisant du juwa.

À ce que je sache mes problèmes financiers n’ont pas commencé avec Azali mais plutôt avec le régime Ikililou ( après qu’on m’ait détourné près de 60 millions) et pourtant j’ai toujours milité dans l’opposition sans jamais renier mes convictions malgré mes problèmes. Donc cet argument fallacieux de certains n’engage que ceux qui le pensent, et qui pensent qu’eux seuls ont raison dans leur démarche politique.

Pour ce qui est des problèmes financiers dans mes activités professionnelles, rien ne change : Celles et ceux qui me connaissent savent que je ne baisse jamais les bras et je me bats toujours pour honorer mes engagements.

Après, les amateurs de la pensée unique anti-Azali diront que mon engagement d’aujourd’hui avec le pouvoir est juste une façon qui me permettra de sortir de mes problèmes. Loin de là, mes motivations à cet engagement je les ai dévoilées sans ambages. Et je leur dirais qu’ils feraient mieux de nous rejoindre pour la construction de notre cher pays à nous tous.

 

Comment réagissez-vous à la décision de la justice comorienne condamnant Sambi à la prison à perpétuité dans l’affaire de la citoyenneté économique, étant donné votre position actuelle ?

 

C’est une décision de justice, je n’ai pas de commentaire à faire la dessus. Néanmoins, en tant qu’être humain je compatis et je mesure la douleur qui est la sienne comme celle de ses proches mais j’aurai bien aimé voir la batterie d’avocats autour du Président Sambi faire leur boulot, le défendre jusqu’au bout pour apporter de la lumière sur le sujet et pouvoir indiquer de quel côté se trouve le droit.

Toutefois, j’espère que la sagesse l’emportera et que le Président Azali saura faire preuve de compassion et accorder la grâce au Président Sambi.

 

Quel est votre point de vue sur l’affaire de la mort du jeune Aymane après une garde à vue à la gendarmerie, compte tenu de votre engagement fréquent contre l’injustice dans ce pays ?

 

C’est une bavure des forces de l’ordre. Si aujourd’hui ceux qui sont censés nous protéger, nous tuent, cela devient inquiétant. Quelque soit ce qu’on peut reprocher au jeune Aymane, il ne méritait pas qu’on le torture. Nous sommes un pays de droit et les forces de l’ordre doivent savoir respecter ça. J’espère que le commandement de la gendarmerie et les institutions judiciaires sauront prendre les dispositions nécessaires pour faire éclater la vérité et que les responsables de cet acte abominable auront à répondre devant les juridictions compétentes.

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