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El-maarouf : La nouvelle vie de Rahama, sage-femme licenciée pour avoir fait grève

C’était au mois d’août 2020 que la sage-femme d’El-maarouf Rahama Said s’est attirée les foudres de ses supérieurs hiérarchiques après avoir « osé » conduire un mouvement de grève avec ses collègues pour réclamer leurs indemnités Covid-19. Celle qui accouchera 4 mois plus tard n’a pas cédé face à l’arbitraire, quitte à perdre son emploi. Son licenciement avait indigné l’opinion publique. Un an depuis ce coup de massue, nous avons à nouveau interrogé celle qui incarne la résistance.

Rahama n’aura rien perdu de son flegme impressionnant. C’est en tout cas ce que nous avons pu constater au téléphone, un an après avoir défrayé la chronique et pour cause. Cette sage-femme est licenciée d’El-maarouf le 12 aout 2020 « pour faute grave ». Si la direction générale a évoqué, officiellement, des « absences injustifiées » de cette sage-femme enceinte de 4 mois à l’époque, il n’en reste pas moins vrai que la grève qu’elle avait conduite aux côtés de ses collègues sages-femmes pour réclamer leurs indemnités covid-19 promises par le chef de l’État, et surtout l’écho médiatique qui s’est ensuivi, ont courroucé la direction de l’établissement public de santé.

Depuis cette décision, Rahama Said n’a jamais croisé les bras. La perte de son emploi à l’hôpital El-maarouf n’a jamais été une raison de tourner le dos à son activité qui est pour elle plus qu’un métier : une passion. Après l’accouchement de son troisième enfant en décembre 2020, un petit garçon, Rahama a pris son destin à deux mains et s’est inventée une nouvelle vie. Elle fait du commerce de vêtements, de produits d’alimentation générale et surtout elle a débarqué sur TikTok, le réseau social en vogue, très prisé par les jeunes. Ici, elle est prêcheuse sur les questions liées à la santé sexuelle. « Beaucoup de gens ont commencé à me suivre. Je sais que la santé sexuelle est un tabou chez nous et ma cible ce sont les jeunes. Il y a des gens qui viennent me consulter. Parfois je les redirige vers les structures sanitaires appropriées », concède-t-elle à La gazette des Comores qui l’a contactée au téléphone.

Il faut dire que Rahama est une touche-à-tout. Au-delà des activités que nous venons de citer, la musique est aussi un gagne-pain. Elle fait des chansons de mariages, ce qui lui génère des revenus supplémentaires. Cet été, période de l’année généralement rythmée par les festivités de mariages, est indubitablement une période de vache maigre pour ce genre d’activité à cause de la crise sanitaire et la batterie de mesures restrictives annoncées par les autorités pour limiter la propagation de la Covid-19.

A la question de savoir si son histoire avec El-maarouf où elle travaillé 6 ans a touché à sa fin, Rahama nous dit que ce n’est que partie remise : « Cet hôpital fait partie de moi, de nous tous. Un jour j’y retournerai pour travailler, ou intégrer un autre hôpital. Mais pour l’instant je préfère m’occuper d’abord de ma vie familiale. Et comme je vous l’ai dit, je donne parallèlement des consultations. Ce qu’il faut comprendre, c’est que je ne suis pas médecin mais une sage-femme. Je conseille, le mieux et j’oriente vers les structures appropriées », enchaine celle qui croit dur comme fer que « tant qu’il y a la vie, il y a toujours de l’espoir ». L’espoir de voir un jour la direction d’El-maarouf reconnaitre son tort et réparer cette injustice de licenciement abusif.

Andjouza Abouheir / LGDC

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1 commentaire sur El-maarouf : La nouvelle vie de Rahama, sage-femme licenciée pour avoir fait grève

  1. non c est pas la direction de l hopital el maarouf qui ont bafoué leur de la interdré prochainement c est nous la diaspora comoriens qui defend le droit et la valeur repubicaine et la democratie de lui faire un geste de solidarité pour nourrir ses enfantset de s organiser eventuellement la vieet a aider a bien les patients qui souhaite la voir dans le secteur privé

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