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Egypte : le président Morsi rencontre les juges, maintient son décret

26 novembre 2012

Egypte : le président Morsi rencontre les juges, maintient son décret

Le président égyptien Mohamed Morsi s’adresse à ses partisans, le 23 novembre 2012 au Caire ©AFP

LE CAIRE (AFP) – (AFP)

Le
président islamiste égyptien Mohamed Morsi a
maintenu lundi le décret élargissant ses pouvoirs
après une rencontre avec la hiérarchie judiciaire
destinée à tenter de sortir de la plus grave crise
depuis son élection, à la veille de manifestations
de ses opposants à travers le pays.

Les partisans du chef de l’Etat islamiste, qui en appelaient
également à la rue, ont annulé lundi soir
leur appel à manifester mardi, pour « éviter
des affrontements » avec leurs opposants.

Les troubles qui secouent le pays depuis plusieurs jours ont
fait deux morts.

Il « n’y a pas de changement dans la déclaration
constitutionnelle », a déclaré à la presse
le porte-parole de M. Morsi, Yasser Ali, à l’issue
d’une réunion du chef d’Etat avec le Conseil
suprême de la justice.

Mohamed
Morsi a toutefois précisé aux juges que seules
étaient irrévocables les décisions concernant
les questions liées « à ses pouvoirs
souverains ».Il a aussi réaffirmé le
caractère temporaire du décret, selon M. Ali.

Le ministre de la Justice Ahed Mekki avait laissé
entendre avant la réunion que le président
était disposé à restreindre le champ de ses
décisions échappant à tout recours en justice.

Mais avant même le début de la rencontre, une cour
administrative du Caire a annoncé qu’elle allait
examiner le 4 décembre des demandes d’annulation du
décret controversé.

Cette procédure défie les dispositions mêmes
du décret présidentiel, qui interdit tout examen
en justice des décisions du chef de l’Etat.

Les
Frères musulmans, la formation islamiste dont est issu
M. Morsi, ont, eux, annulé une manifestation
convoquée pour mardi, « pour éviter tout
affrontement ou troubles », a déclaré à
l’AFP Ahmed Sobei, membre du Parti de la Liberté et la
Justice (PLJ), branche politique de la confrérie islamiste.

Place Tahrir au Caire, où un village de tentes est
érigé depuis vendredi pour demander le retrait des
mesures présidentielles, une banderole affirme
« Interdit aux Frères musulmans ».

 Les partisans du président ont participé par
ailleurs aux obsèques d’un jeune islamiste tué la
veille dans des heurts à Damanhour, dans le delta du
Nil, tandis que les anti-Morsi se sont rassemblés dans
une mosquée de Tahrir pour les funérailles d’un
militant mort dans la nuit de blessures reçues la
semaine dernière.

Selon le ministre de la Santé, 444 personnes au total
ont été blessées dans les affrontements des
derniers jours.

Compromis

Le décret présidentiel annoncé jeudi
permet également à M. Morsi —qui cumule
déjà pouvoirs exécutif et législatif—
de prendre toute disposition qu’il jugerait nécessaire
pour « la défense de la révolution », une
formulation vague qui, pour ses adversaires, ouvre la voie
à une dérive dictatoriale.

Human Rights Watch (HRW) a ainsi estimé que le
décret ouvrait la voie à de possibles violations
des droits de l’Homme incontrôlées et portait
atteinte à l’Etat de droit.

 M.Morsi a aussi décidé que la Haute cour
constitutionnelle ne pouvait plus examiner les recours
déposés par de nombreux opposants contre la
commission chargée de rédiger la future
Constitution, et dominée par les islamistes.

L’une des
figures du camp laïque et libéral, Mohammed
ElBaradei, a exigé une nouvelle fois lundi, dans un
entretien au journal indépendant Al-Masry al-Youm, le
« retrait pur et simple » des mesures de ce
« président qui impose une dictature ».

Dans son décret, le président a demandé
« de nouvelles enquêtes et jugements » dans les
affaires de meurtres de manifestants lors de la révolte
de 2011, faisant planer une menace sur certains hauts
responsables militaires ou de la police, voire un nouveau
procès pour Hosni Moubarak, actuellement en
détention à perpétuité.

Mais pour ce faire, le président « crée une
nouvelle cour pour juger (…) des personnes en vertu de
lois mal définies et trop générales datant du
règne de Moubarak et qui ont historiquement permis des
abus », souligne HRW.

Les partisans du président Morsi soulignent que ces
pouvoirs doivent lui permettre de mettre en oeuvre les
réformes politiques, sociales et économiques
indispensables pour réaliser les promesses portées
par le soulèvement anti-Moubarak et abréger une
période de transition jugée trop longue et chaotique.

 La Bourse du Caire, qui avait perdu 9,6% dimanche, a
fini en hausse lundi (+2,6% en clôture).



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