
Mercredi 11 juin, l’influenceur luxembourgeois Dylan Thiry a annoncé son départ anticipé des Comores dans une vidéo publiée sur son compte Instagram. Cette décision fait suite à un accueil extrêmement hostile et à des révélations troublantes diffusées par le collectif AVI (Aide aux Victimes d’Influenceurs), une organisation dédiée à la défense des victimes d’influenceurs malveillants.
Arrivé le 7 juin en tant que supposé touriste, Thiry s’est rapidement engagé dans des activités humanitaires sans le visa approprié, contrevenant aux règlements locaux. Un responsable du ministère des Affaires étrangères a confirmé que Thiry aurait dû obtenir un visa de courtoisie pour ce type de missions. Dès son arrivée, sa présence a suscité de vives réactions après que le collectif AVI a alerté sur son passé controversé.
Le collectif AVI, né des dénonciations du rappeur Booba contre les agissements frauduleux de certains influenceurs, a joué un rôle clé dans cette affaire. AVI a rapidement diffusé des avertissements sur Thiry, rappelant qu’il est sous enquête pour « abus de confiance aggravé » en lien avec sa gestion d’une organisation humanitaire. Le collectif a également évoqué des témoignages émouvants recueillis lors d’un Space AVI en février 2023, où d’anciens bénévoles ont décrit des pratiques douteuses attribuées à Thiry.
Les accusations contre Thiry sont lourdes. Outre les plaintes pour abus de confiance, il est également soupçonné de « trafic d’enfants » et de « proxénétisme » à Madagascar. Ces accusations ont provoqué l’indignation des habitants d’un village du Sud de la Grande-Comore, qui l’ont sommé de quitter les lieux. « Tu n’es pas le bienvenu. Tu es persona non grata à Madagascar et chez nous aussi », lui a lancé un jeune homme, reflétant un rejet catégorique de la part de la communauté locale.
Malgré ces révélations, la police comorienne a indiqué qu’elle ne pouvait intervenir en l’absence de mandat d’arrêt international. « Pour l’instant, rien ne nous permet de l’arrêter. Toutefois, nous l’avons à l’œil et surveillons ses moindres faits et gestes », a déclaré un porte-parole de la police nationale. Cette situation souligne un vide juridique souvent exploité par des individus comme Thiry.
Le rôle de Booba dans cette affaire ne peut être sous-estimé. Grâce à ses actions, y compris une interview percutante de Jean-Baptiste Mousseau, les Comoriens ont pu être informés des antécédents de Thiry, ce qui a sans doute permis d’éviter de nouvelles victimes.
Soibah Saïd
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