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Du BAC aux étoiles : l’incroyable parcours universitaire de Chanfiou ingénieur en aéronautique

Interview de Chanfiou Ahmed Mboreha est un ingénieur en aéronautique originaire des Comores, qui a étudié en Bangladesh et en Chine. Il a surmonté les barrières linguistiques en pratiquant avec des amis anglophones et en ayant une ténacité pour réussir ses études. Son projet de recherche sur le contrôle du mini-environnement autour des passagers dans les avions a été publié dans une revue scientifique américaine en mars 2022.


Pouvez-vous
nous parler un peu de vous et de votre parcours universitaire ?

Moi, c’est Chanfiou Ahmed Mboreha, Natif de Mbeni(Ngazidja) . À l’âge de 7 ans , je suis parti à l’établissement scolaire (Ibn Khaldoum) de Vouvouni pour le début de mon parcours scolaire. Après l’obtention de mon BAC en 2010 à l’école Mouigni Baraka, je me suis inscrit en faculté des sciences et d’ingénierie à l’université islamique de technologie (IUT) en Bangladesh, sans vraiment savoir pourquoi, mais plutôt par curiosité, je me suis dit « j’auraisessayé, ça ne peut que m’être bénéfique« . Passionnéd’aéronautique depuis tout petit, j’en ai fait mon objectifprofessionnel. Après trois ans d’études en Mécanique et Chimique à IUT, j’ai alors décidé de changer de filière et de débuter mon parcours en aéronautique à la faculté des sciences et ingénierie (université Aérospatiale de Shenyang-Chine). Après l’obtention de mon diplôme d »ingénieur enaéronautique et mon Master en génie aéronautique , j’ai eul’opportunité d’intégrer le laboratoire de science computationnelle pour l’environnement et l’observation des cabines d’avion, en tant que doctorant à l’Universitéd’aéronautique et d’astronautique de Nanjing (Chine). Après 5 ans de recherches par la grâce d’Allah , j’ai eu donc la chance de publier 13 articles de recherche dans différentes revues scientifiques et enfin soutenir ma thèse intitulée: “Une étude du contrôle du mini-environnement autour des passagers dans la cabine des avions commerciaux” .

Comment avez-vous réussi à réussir vos études malgré la barrière linguistique entre la langue d’enseignement et la langue scolaire de votre pays ?

Il est vrai que les barrières linguistiques entravent même les étudiants les plus préparés, surtout nous provenant d’un pays francophone, mais avoir une stratégie pour y faire face aide à relever le défi d’apprendre l’anglais et donne ensuitel’opportunité d’avancer un peu plus sereinement. Étudier à l’étranger a pour but de nous pousser hors de notre zone de confort. J’ai donc utilisé l’apprentissage entre pairs car pratiquer avec des amis anglophones , a permis de m’améliorer. Il faut avoir une ténacité et ne jamais lâcher.

Qu’est-ce qui a motivé votre choix de poursuivre des études en aéronautique, et pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste exactement ?

J’ai toujours été passionné par l’aviation, après la tragédie qui a frappé les Comores en 2009 avec la compagnie YemeniaAirways causant la perte des 152 personnes, je me suis posébeaucoup de questions sur les raisons de l’accident. Sachantque la communauté comorienne aurait dénoncé les mauvaisesconditions de transport et l’état de l’appareil avant ce crash, je me suis toujours demandé si ce drame aurait pu être évité . De ce fait, j’ai décidé de m’intéresser de plus près au métier d’ingénieur en aéronautique.

L’aéronautique est très importante pour l’économie mondialeet, elle concerne généralement la conception, la fabrication, l’exploitation et la réparation d’aéronefs utilisés pour volerdans l’atmosphère terrestre. L’industrie de l’aéronautique estdivisée en quatre secteurs plus petits, à savoir les aéroports, les compagnies aériennes, l’industrie aéronautique et les institutions aéronautiques.

Comment avez-vous réagi lorsque votre projet a été accepté et publié dans une revue scientifique américaine en mars 2022 ?

Chaque chercheur aspire à voir le fruit de ses recherchespublier dans une revue scientifique. Tout chercheur estconfronté à la pression du « publier ou périr« . De nombreuxarticles subissent plusieurs itérations et révisions avant d’être accepté, ensuite publier. Certains scientifiques ont attendredes années avant que leurs recherches ne soient publiées voirmême confronter au rejet. Donc pour moi c’est une énorme satisfaction de voir les publications de mes recherches dans des revues scientifiques , mais aussi que d’autres auteurs les utilisent comme références pour leur projet de recherches.

En tant qu’ancien étudiant en Chine, quelles sont vos idées pour renforcer les relations entre les Comores et la Chine à l’avenir ?

Je crois que la facilité à faire des affaires avec la Chine permettra au secteur privé Comorien de se développer et incitera aux futurs entrepreneurs à s’impliquer dans cesactivités commerciales . Les étudiants comoriens pourrontégalement tirer profit de cette situation en obtenant facilementdes bourses d’études en Chine. Nous savons tous qu’en tant que deuxième puissance mondiale, la Chine peut influencer les ressortissants comoriens à devenir indépendant et promouvoir le potentiel économique que possède notre pays.

Quels sont vos objectifs à long terme en tant que docteur en ingénierie aéronautique, et qu’espérez-vous accomplir dans les prochaines années ?

J’espère cumuler des expériences chez différents avionneurs pour être capable d’obtenir un partenariat privilégié avec un grand avionneur pour le support-client, aftermarket et surtout pour l’ingénierie avancée. J’ai aussi l’objectif d’ouvrir un bureau d’études aux Comores pour soutenir le développement de la filière aéronautique et de participer à l’essor de l’écosystème aérospatial local.

Propos recueillis par la rédaction 

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