En ce moment

Daoud Halifa : j’ai vu le fils du président donner l’ordre de m’enfermer dans un lieu de terreur.

Le premier tour des élections présidentielles et de gouverneurs aux Comores, qui s’est déroulé le 14 janvier, a été suivi de près par la proclamation des résultats par la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Cependant, cette annonce a été assombrie par l’éruption de violences, et c’est dans ce contexte tumultueux que Daoud Halifa, un opposant politique notoire et soutien du candidat Bourhane Hamidou, a été arrêté sans motif clair, illustrant une tendance croissante à la prise d’otage des opposants politiques.Dans son récit poignant sur son expérience d’emprisonnement, Daoud Halifa dévoile une scène troublante qui a marqué profondément son séjour derrière les barreaux. Il raconte avoir été conduit dans un lieu inconnu, gardé par des militaires. Alors qu’il se trouvait dans cet endroit mystérieux, il a observé une interaction significative : les militaires, semblant attendre des instructions, ont levé les yeux vers une figure d’autorité. Avec une acuité aiguisée par la situation, Halifa a pu identifier cette personne influente : il s’agissait du fils du président Azali Assoumani.

Ce moment a été crucial, car c’est alors que Nour El Fatah, d’un simple geste, a donné l’ordre aux militaires de déplacer Halifa vers un autre lieu. Cette scène, où le pouvoir et l’influence se manifestent par un geste silencieux, évoque l’atmosphère intimidante et l’abus de pouvoir qui semblent régner dans les cercles internes du pouvoir aux Comores. Le témoignage de Halifa expose non seulement sa propre vulnérabilité en tant que prisonnier politique mais met également en lumière la nature opaque et potentiellement arbitraire du système judiciaire et politique dans le pays.

Après une période de détention, Halifa a été libéré le 26 janvier et a rapidement partagé son expérience à travers une vidéo poignante. Dans son témoignage, il décrit des conditions de détention déplorables : une cellule exiguë de 2 mètres carrés enfermé avec trois autres personnes, où il dormait à même le sol, un manque total de commodités de base, et un traitement inhumain. Il rapporte avoir été témoin de violence et de brutalité envers d’autres détenus, soulignant un effondrement alarmant du respect des droits de l’homme dans le pays.

Halifa rappelle qu’en 2015, lorsqu’il avait été accusé de tentative de coup d’État et détenu, ses conditions de détention avaient été respectueuses, contrairement à ce qu’il a vécu récemment. Ce contraste marqué témoigne de la régression des droits humains aux Comores, une situation qui, selon lui, dénote une perte d’humanité dans le pays.

Face à ces événements, Halifa a pris une décision solennelle : s’engager  activement  à soutenir des patriotes véritables, capables de diriger le pays avec responsabilité et respect des droits humains. Il exprime une préoccupation profonde pour l’avenir des Comores, insistant sur la nécessité de leaders dévoués et non opportunistes, tout en reconnaissant sa propre limite d’âge pour assumer un rôle de leadership.

Ce témoignage de Daoud Halifa met en lumière non seulement sa propre expérience traumatisante mais aussi une crise politique et humanitaire plus large aux Comores, marquée par la répression et la violation des droits fondamentaux.

ANTUF Chaharane 

Comoresinfos est un média qui a vu le jour en avril 2012 et qui depuis lors, prône l'indépendance éditoriale. Notre ferme croyance en l'information de qualité, libre de toute influence, reste un pilier essentiel pour soutenir le fonctionnement démocratique.

Soyez le premier à réagir

Réagissez à cet article

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


error: Content is protected !!