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Crise politique aux Comores : Pourquoi en sommes-nous arrivés là ?

Depuis son élection en 2016, le président Azali Assoumani a plongé l’Union des Comores dans une crise politique sans précédent. Initialement élu grâce à une coalition avec le parti JUWA de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, son mandat avait démarré sous des auspices relativement stables. Toutefois, une année plus tard, Azali a rompu cette alliance et a entrepris des manœuvres controversées pour modifier la Constitution, déclenchant une opposition farouche tant de la classe politique que de la société civile comorienne.

Un pacte rompu et des réformes contestées

La rupture avec le parti JUWA a été le prélude à une série d’actions qui ont exacerbé les tensions. Azali Assoumani a tenté de réviser la Constitution, provoquant une vague de manifestations publiques. Ces réformes, perçues comme un moyen de consolider son pouvoir, ont été massivement rejetées par la population et les acteurs politiques.

La suppression de la Cour Constitutionnelle : Un tournant

La situation a pris une tournure dramatique lorsque, de manière unilatérale, Azali a supprimé la Cour constitutionnelle, une institution clé du système judiciaire comorien. Cette décision a été vue comme une atteinte directe à l’État de droit et a suscité une indignation générale.

Répression et arrestations

Face à l’opposition croissante, le régime d’Azali a répondu par la répression. Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, figure de proue de l’opposition, a été placé en résidence surveillée, puis emprisonné sans preuves. Cette arrestation a suivi de près un discours critique de Sambi contre la réforme constitutionnelle de 2018, mise en place sans respecter les procédures légales. D’autres opposants ont subi le même sort, tels que le gouverneur d’Anjouan, Dr Abdou Salami Abdou, également emprisonné pour son opposition aux réformes constitutionnelles.

Un référendum et des élections contestés

Le référendum controversé de 2018, qui a aboli l’autonomie des îles et modifié les règles de la tournante présidentielle, a marqué un point de rupture. Ce référendum et les élections de 2019, largement critiquées pour leur manque de transparence, ont engendré une contestation continue. La diaspora comorienne, particulièrement active en France, a organisé des manifestations régulières contre les résultats de ces élections, rappelant la mobilisation massive après le crash de Yemenia en 2009.

Appels au dialogue et nouvel échec électoral

Azali Assoumani a tenté d’organiser un dialogue inter-comorien en septembre 2021, sans succès. En 2024, il a de nouveau organisé des élections, entachées de fraudes, qui ont attiré l’attention internationale sur la crise persistante aux Comores.

Vers une sortie de crise

Pour sortir de cette impasse, il est crucial de revisiter les événements douloureux depuis 2017 et de s’engager dans un dialogue inclusif. Tous les acteurs politiques et de la société civile doivent être impliqués, avec une représentation équilibrée de chaque île. Les anciens présidents, notamment Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine, doivent participer à ce processus, nécessitant la libération des prisonniers politiques. La participation sans restriction de la diaspora est également essentielle.

La nécessité d’une garantie internationale

Pour garantir un cadre juste et transparent, la communauté internationale doit jouer un rôle de garant. Seule une médiation impartiale peut produire des solutions acceptées par tous les Comoriens, et permettre de restaurer la confiance dans le processus politique du pays.

S.M

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