Les Comores traversent une période de crise énergétique sans précédent, notamment sur les îles de Ngazidja et Ndzuani, marquées par des coupures d’électricité prolongées et récurrentes. Malgré les tentatives maladroites de justification du directeur général de la Sonelec, Soilihi Mohamed Djounaid, il devient de plus en plus clair que ces problèmes sont en grande partie le résultat d’une gestion désastreuse et d’une incompétence criante au sein de l’entreprise publique.
Dans un entretien récent avec Al-Watwan, Soilihi Mohamed Djounaid a tenté de minimiser les dysfonctionnements en évoquant une «révision générale» de l’unité de production qui nécessiterait l’arrêt de plusieurs groupes électrogènes pour des périodes allant de quelques heures à plusieurs semaines. Toutefois, cette explication ne tient pas compte des retards inacceptables et des erreurs de gestion qui ont aggravé la situation.
Djounaid a également mis en avant des problèmes de livraison tardive de pièces de rechange par un nouveau fournisseur, causant des retards de plus de quatre mois et perturbant sérieusement la production d’électricité. Cependant, des informations obtenues par Comoresinfos révèlent une réalité bien plus préoccupante. Il apparaît que Djounaid a choisi de collaborer avec un fournisseur français proposant des moteurs d’occasion, plutôt que de s’associer avec un fournisseur marocain qui offrait des moteurs neufs. Cette décision incompréhensible aurait été motivée par une question de délais de livraison, un choix qui s’est avéré désastreux.
Les conséquences de cette décision sont dramatiques. Non seulement les moteurs d’occasion se sont révélés inefficaces, mais les techniciens comoriens de la Sonelec ont également montré une incapacité flagrante à utiliser les pièces fournies par le Maroc. Cette incompétence technique a contraint l’entreprise à faire appel aux techniciens marocains pour tenter de remédier aux erreurs et dysfonctionnements accumulés.
Le directeur général de la Sonelec a annoncé que le fournisseur marocain a accepté de compenser les retards en fournissant deux groupes électrogènes de 1600 kW chacun, avec les frais de transport pris en charge par la Sonelec. Bien que cela puisse sembler être une mesure corrective, elle ne fait que souligner l’ampleur du fiasco initial et la mauvaise gestion qui a conduit à cette situation critique.
Djounaid insiste sur le fait que la situation est sous contrôle et qu’il y a des signes d’amélioration dans certaines zones comme le sud de Moroni et Hambuu. Il affirme que les équipes techniques travaillent jour et nuit pour résoudre les problèmes. Néanmoins, les promesses d’amélioration progressive sont accueillies avec scepticisme par une population excédée par des semaines de difficultés et de privations.
Les impacts de cette crise énergétique vont au-delà des simples désagréments quotidiens. Les délestages ont également affecté l’alimentation en eau du château de Vuvuni, aggravant les conditions de vie déjà précaires dans plusieurs régions. La gestion catastrophique de la Sonelec sous la direction de Djounaid met en lumière une incapacité à anticiper, planifier et exécuter des stratégies viables pour assurer un approvisionnement énergétique fiable.
Soibah Saïd
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