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Comores, trente ans de démocratie (1990-2020), quel bilan ?

« Si nous voulons construire le monde, commençons par le commencement : commençons par les droits de l’Homme. » déclarait le Pape Jean Paul II en 1980 à l’UNESCO.

Où en est réellement la démocratie aux Comores, depuis que l’ancien président Saïd Mohamed Djohar (paix à son âme) est devenu président de la République fédérale suite à l’assassinat du Présidant Ahmed ABDALLAH le 26 Novembre 1989 ? Répondre concrètement aujourd’hui à cette question, signifie qu’il soit d’abord définitivement mis fin à l’hérésie nationale de 45 ans d’instabilité politique et qu’une nouvelle orientation collective soit ensuite prise vers les chemins de l’honneur et de la dignité.

Près de trente ans après l’instauration de la démocratie, on peut se demander : est-elle en recule sensible ? est- elle en panne ? Les droits de l’homme sont-ils respectés chez nous plus qu’ailleurs ? Il y a trente ans, le discours de François MITTERAND à la Baule (20 juin 1990), la chute du mur de Berlin (9 novembre 1989), le meurtre du président Ahmed ABDALLAH par des mercenaires français dont Bob Denard en tête (26 novembre 1989) ; ces événements étaient des coups de clairon qui ont fait trembler non seulement les pouvoirs autoritaires d’Afrique, mais aussi aux Comores et vibrer en même temps les différents partis politiques.

Comme par enchantement, la voie démocratique s’est donc ouverte aux Comores bien avant d’autres pays et s’engager dans cette voie lorsque l’on est au pouvoir, c’est accepter de le perdre par le vote des citoyens. Et lorsque l’on est opposant, choisir d’y parvenir (et croire que c’est possible) non plus par le fusil mais par les urnes.

Aux Comores, seules les élections présidentielles de 1996 (Avril) et 2003 (Mai) n’ont pas été sérieusement récusées bien qu’elles aient donné naissance à une vraie alternance. N’a-t-on pas vu ABASSE DJOUSSOUF, féliciter Mohamed TAKI ABDOULKARIM après que ce dernier ait remporté les élections présidentielles (1996) ? De même pour le prince KEMAL, contre AZALI Assoumani en 2002. En 2006, également le président élu SAMBI, avait reçu les félicitations du président sortant de l’époque AZALI Assoumani.

Cependant, en dehors de ces rares cas, et qui vont finir par faire figure d’exceptions miraculeuses, on a observé deux types d’évolution :

1°) le gouvernement, le parti au pouvoir, les hommes et les femmes qui les appuient organisent des élections et font tout pour les gagner : ils réussissent à se maintenir au pouvoir en s’abritant derrière un vote qui ne se distingue des élections de naguère que parce qu’il est contradictoire.

2°) L’opposition, la classe politique s’use et se divise en une interminable réclamation, recomptage, pendant que le pays réel dépérit.

Cette situation mène notre pays dans l’impasse et de l’impasse sorte des incidents ; la violence nait ou renait de la querelle des chefs. On fait appel à la communauté internationale, ou on le prend à témoin, signe que le contrôle de la situation a échappé à tous malheureusement. L’Union Européenne, l’Union Africaine, la Ligue des Etats Arabes, la France, rentrent en scène : 2010, 2016, 2019 (Mars). Et maintenant on parle de Mai 2021. On en est là. Nul ne peut dire lequel de ces cas de figure passera le test de l’histoire. Il ne fait aucun doute à mes yeux que, ne générera le progrès, que le régime qui saura s’occuper vite et bien de l’économie, du social.

Et la démocratie ? dira-t-on. J’y viens car, ceux qui ont soif de la démocratie, veulent aussi un gouvernement plus proche d’eux, plus d’intégrité, de transparence et de bonne gouvernance. Ceux qui veulent, corriger les erreurs de la démocratie, doivent se battre pour que l’idéologie demeure le crédo du régime et quel que soit par ailleurs le régime.

La continuité, elle, est dans la pratique quotidienne. Il est bien vrai qu’en trente ans de démocratie (1990-2020), le changement est à la fois insuffisant et insuffisamment ressenti. Le parti a changé de nom, il n’est plus unique : mais est-ce suffisant ? La justice, la presse, les partis d’opposition, les ONG, piliers de tout système démocratique, n’ont guère évolué. Des textes d’inspiration libérale ont été pris : toutefois, leur application n’est pas entrée dans les mœurs.

Conclusion : L’idéologie a changé mais il faut l’entretenir et la renforcer. La pratique, elle, marque une trop grande dose de continuité. Il faut que le pouvoir et tous les comoriens luttent, chacun avec ses armes, contre les pesanteurs. Et sachent par ailleurs que la démocratie la plus sûre est celle qui se gagne patiemment, chaque jour. En particulier, par le développement économique et les progrès de l’éducation. Aux Comores, très lentement mais assez surement, ces deux facteurs sont à l’œuvre. Depuis trente (30) ans de démocratie, le peuple ne lâchera pas.

Professeur Djaffar MMADI, Universitaire, Ancien Ministre

En 2016, une maman a déposé une importante quantité d’or à La Meck Moroni en garantie d’un prêt. Après avoir intégralement remboursé ce prêt, l’or aurait dû lui être restitué, mais il a été volé. L’institution a reconnu sa responsabilité, mais depuis, elle garde un silence troublant. Aucun geste de réparation n’a été fait. Méfiez-vous : cette structure n’est pas digne de confiance.

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