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Comores Télécoms (CT) entre le marteau et l’enclume

L’actualité remet sur la sellette la situation de CT, ce bijou de la famille Comores plongé dans la tourmente. Le ministre de l’économie (le politicien, le marteau qui frappe continuellement sur la tête de CT) brosse un tableau lamentable. De l’autre coté le personnel, (un corporatisme comme orientation à courte vue, l’enclume) qui réagit vigoureusement contre l’appréciation du ministre. Pour sa part, l’opinion publique comorienne assiste en spectateurs aux péripéties du « combat de coq » permanent entre les politiciens et les corporatistes.

Il reste que la problématique n’est absolument pas simple dans le contexte d’un pouvoir absolu (il n’existe aucun contre pouvoir ni légal ni de fait) exploitant un logiciel de l’entre-soi pour gérer la plus grande (CA, personnel) entreprise du pays.

Malgré un manque de rigueur gestionnaire, malgré un certain laisser aller technique, malgré une qualité déplorable de service à la clientèle, CT voyait son chiffre d’affaire (CA) croître au fil des années jusqu’à dépasser les 20 milliards. Le « miracle » du monopole ! Mais un monopole qui induit des conséquences en termes de personnel pléthorique, de culture d’entreprise détestable, celle du fournisseur roi, imposant son règne à ses clients.

L’ intrusion d’un nouvel opérateur, qui plus est bénéficiant de privilèges exorbitants a rebattu les cartes. Résultat : le CA de CT a dégringolé. Alors que faire ?

Après moult tergiversations, CT semblait sur le chemin de l’adaptation au nouveau contexte. Dynamisme du marketing avec la mise sur le marché de nouveaux produits concurrentiels, amélioration progressive du service client malgré l’accueil froid du service commercial de Volovolo, etc.

Malheureusement l’évolution s’avère en dents de scie. L’absence de continuité frappe. Il suffit d’un changement de poste en interne pour rompre une chaîne salutaire. L’exemple de Mz’huri, un concurrent redoutable à la clé de Telco est révélateur de ce phénomène. Eh bien le produit a été enlevé du marché sans la moindre explication. Il ne figure même plus sur le site de comorestelecom.km, un site aride. Malgré des gros efforts méritoires pour le rendre agréable, il pêche en pensant qu’une belle image suffit. Exemple aucun texte explicatif sur la page Hury-money. Pense-t-on se frayer, aussi aisément, un chemin dans une jungle peuplé de rapaces à l’affût des bonnes affaires. La communication porte le sceau du formalisme hérité du monopole. Évidemment il ne s’agit pas de faire ici le bilan de CT mais juste d’illustrer quelques observations disparates.

En réalité le vrai problème concerne la gestion globale des entreprises publiques dont CT pâtit. Même la loi n’est pas respectée. Les entreprises publiques sont directement confrontées à deux problèmes majeurs qui les plombent. Management politicien : le pouvoir place les siens sans tenir aucun compte des compétences, du moral, etc. Management électoraliste : on recrute massivement durant les périodes électorales pour avoir des voix sans tenir aucun compte des besoins en personnel. On pourrait évoquer la lutte jusqu’au-boutiste contre une réduction du personnel mais elle s’explique par l’attitude du propriétaire de CT qui semble ne respecter aucun principe de gestion.

L’issue doit être recherchée du coté du pouvoir. Spécialement du Chef de l’État en personne. Il suffirait que le président Azali décide d’appliquer la loi. Qu’il fasse installer les Conseils d’Administration, qu’il nomme les DG choisis par les CA sur des critères objectifs après appel d’offre et qu’il le laisse gérer sans ingérence. La situation changerait du tout au tout. CT a la chance de compter dans ses rangs des jeunes compétents qui pourraient alors donner toute la mesure de leurs talents. Tout le pays gagnerait, y compris l’État actionnaire et l’État fiscal !

CT condamné à végéter voire à disparaître ? Tant que les intérêts du pays ne primeront pas aux yeux des dirigeants de ce pays la question se posera.

Idriss

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