Opinion libre:
Francophone depuis près de 50 ans, je vais peut-être surprendre bien de gens en disant que les Comores auraient intérêt à faire comme le Rwanda qui a tourné le dos au français pour l’anglais.
Je ne nourris aucun sentiment de francophobie moi qui ne parle aucun traître mot anglais.
L’intérêt de notre pays, et donc de nos descendants, ne réside plus, à mon avis, dans la langue de Molière mais plutôt dans celle de Shakespeare.
Cette façon de voir les choses ne doit pas être vue sous l’angle obtus d’un nationalisme aigu ou des querelles politico-diplomatiques entre Moroni et Paris au sujet de Mayotte. Cette position le doit à l’environnement géographique du pays qui est plus anglophone que francophone. Mais elle le doit aussi aux réalités internationales. Ne serait-ce qu’au sein de l’Union Européenne, aujourd’hui, le recul de l’usage du français est à un niveau tel que la France, elle-même, commence à nourrir des craintes réelles. Parmi les éléments d’analyse des Français, le taux des documents produits en français va en reculant au sein de l’UE.
En France, la pratique du français cède à celle de l’anglais. C’est un constat réel que la ministre de la fonction publique française, Annick Girardin, a relevé qui a sorti une note-circulaire pour rappeler que seul le français doit être la langue de l’administration. Quand la pratique de l’anglais gagne du terrain en France, pourquoi nous autres, riverains de la Tanzanie, du Kenya, de Maurice, des Seychelles et bien d’autres pays anglophones de notre voisinage, allons rester les gardiens d’un temple dont les propriétaires lui tournent le dos très lentement mais très sûrement?
Les Comores n’ont de ressources à vendre que leurs ressources humaines. Si nos enfants pouvaient vendre leurs savoir et savoir-faire dans les pays voisins, ils le feraient volontiers, sans tourner en rond. Ils n’iraient pas languir en Europe, en France particulièrement, pour des prunes. Mais la barrière reste linguistique. Les quelques jeunes Comoriens sachant parler anglais réussissent bien en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie etc.
Si nous nous mettions à l’anglais, nous aurions aussi ce marché qu’est la SADC, plus vaste, plus ouvert, plus convivial et plus entreprenant que notre COI plus portée à la chose politicienne qu’aux opportunités économiques, plus savante en crocs-en jambes qu’à autre chose.
Mohamed Hassani
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